Dire la vérité aux Algériens sur la situation économique du pays, tout en les rassurant quant à la volonté de l'Etat de préserver les acquis sociaux des travailleurs. C'est ainsi que l'on peut résumer l'intervention du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sur le plateau de l'émission Hiwar Esaâ (le débat de l'heure) de la Télévision nationale, diffusée, jeudi dernier. Tout en soulignant le caractère « historique » du dernier Conseil des ministres, qui s'est soldé par des « mesures courageuses », le chef de l'Exécutif a insisté sur la nécessité de remplacer la politique de la dépense publique par la performance économique, dans une conjoncture marquée par la baisse des prix du pétrole. Dans l'esprit des mesures contenues dans la loi de finances complémentaire pour 2015, le Premier ministre estime qu'il est temps de renoncer à l'économie basée sur les recettes des hydrocarbures et de s'orienter vers l'investissement productif. La politique de rationalisation des dépenses, indique Sellal, s'applique par le passage du développement à la croissance économique à travers l'ouverture de l'investissement aux secteurs productifs. Par ailleurs, la politique de rationalisation des dépenses, de contrôle des ressources, de création de la richesse et de lutte contre la fraude constitue aux yeux de Sellal, autant de garde-fous pour une meilleure reprise de la croissance économique. Parmi les décisions que prendra le gouvernement, l'injection des fonds du secteur informel dans le circuit des banques. D'ailleurs, cette mesure fera l'objet d'une réunion, lundi prochain, entre le Premier ministre et les directeurs des banques. Il annoncera également une tripartite pour le mois d'octobre prochain, consacrée à l'investissement productif. Sur un autre chapitre, la politique sociale du gouvernement en direction des couches sociales défavorisées ne sera pas abandonnée. Au contraire, la rationalisation des dépenses, l'ajournement de certains projets non urgents et la réduction des nouveaux postes de travail dans certains secteurs n'ont pas amené le gouvernement à renoncer à sa politique de soutien aux classes ouvrières. Pour preuve, l'entrée en vigueur de l'article 87 bis du code du travail. Une mesure qui touchera 1,6 million de travailleurs à compter du mois d'août prochain avec effet rétroactif à partir de janvier 2015. Cependant, la préservation des acquis sociaux doit être ponctuée par la lutte contre le gaspillage. Sellal a plaidé pour « la rationalisation de l'utilisation de l'énergie, notamment le carburant, et pour la réduction du gaspillage en créant l'esprit de citoyenneté économique chez les Algériens et en intensifiant les efforts pour mieux contrôler ces énergies et combattre la négligence ». Le Premier ministre a également tenu à démentir les allégations faisant état de la mise en place d'une politique d'austérité. « Le gouvernement n'envisage pas d'adopter la politique d'austérité qui, a-t-il dit, a toujours engendré la pauvreté » et l'Algérie « n'est pas arrivée à ce stade eu égard à la dynamique économique que connaît le pays », a-t-il affirmé. En somme, Sellal a lancé une mise en garde à ceux qui considèrent que l'Etat-providence est éternel. Pour l'invité de Hiwar Esaâ, l'heure est à la mise en place d'une économie basée sur une base industrielle hors hydrocarbures. Sellal affirme que grâce à cette dynamique, notamment celle générée par les jeunes et les cadres, le produit national hors hydrocarbures a dépassé, au cours du premier semestre 2015, le taux de 7%. Une dynamique d'encouragement de l'investissement productif appelée à porter ses fruits dans les prochaines années.