Emigrés ou nationaux, ils envahissent des plages aussi connues et courues que Madagh, Bouzedjar, Targa ou Rachgoun à l'ouest de la ville de Béni-Saf. A en croire les statistiques établies l'an dernier par la direction du tourisme, un peu plus de 13,6 millions de personnes ont fréquenté les plages de la wilaya. Durant ce week-end, elles étaient noires de monde. Pendant la journée, Aïn Témouchent, qui recèle de magnifiques places plonge dans la léthargie. La plupart des habitants, surtout les jeunes, prennent la route du littoral. C'est au niveau de la dernière station, fréquentée surtout par des familles venues de Tlemcen, que s'est d'abord rendu jeudi dernier le ministre du Tourisme et de l'Aménagement du territoire, Amar Ghoul. Après l'inauguration d'un nouvel hôtel de 88 lits qui ouvrira ses portes la première semaine d'août, il a visité quelques nouvelles infrastructures qui renforcent le parc hôtelier de la wilaya qui, avec 2.736 lits, reste en deçà des attentes. Il a exhorté les responsables à associer le citoyen pour la préservation de la propreté des plages. « L'Etat ne peut pas tout faire », a-t-il expliqué en foulant le sable d'une plage bien entretenue. « Ne dilapidez pas le foncier » C'est en fait toute la zone d'expansion touristique de Rachgoun, d'une superficie de 50 hectares, une parmi les huit que compte la wilaya, qui se trouve en pleine rénovation. Surplombant la célébrissime plage de Madrid, deux hôtels sont en cours de construction. Les opérateurs privés ont reçu la visite du ministre. Au niveau de l'hôtel Madrid où vante une publicité, « l'estivant aura les pieds dans l'eau », puis sur le site d'El Mokhtar, Ghoul n'a pas caché son irritation. Il est sorti de ses gonds devant ce qu'il a appelé « la dilapidation du foncier » car, a-t-il fait remarquer, « trois hectares pour un parking est une folie ». « Ne construisez pas des parkings sur trois ou quatre hectares. Il faut des parkings en sous-sol ou à étages. On doit utiliser de telles assiettes pour établir des zones piétonnes, des promenades ou des espaces verts », a-t-il martelé. Le responsable de l'Urba, le bureau d'études qui a élaboré l'étude, n'est pas allé au terme de sa présentation. Dans de multiples déclarations devant les responsables, les investisseurs ou lors d'un passage à la radio locale, le ministre a décliné la nouvelle vision du tourisme. Selon lui, « dès le mois de septembre prochain, un décret exécutif qui sera promulgué va faciliter, assouplir l'acte d'investissement et l'accès au foncier ». Cette amélioration promise passera aussi « par le traitement plus rapide des dossiers au niveau local, un accompagnement financier », a ajouté Ghoul. Toutefois, il a réitéré la volonté de son ministère d'être exigeant et rigoureux en matière de respect de la réglementation, des clauses du cahier des charges régissant la profession et de la qualité des prestations de services. Il a également plaidé pour l'utilisation des infrastructures durant les quatre saisons et invité ses interlocuteurs à ne pas « baisser rideau dès la fin de l'été ». 42 projets approuvés Les autorités ne cachent pas une volonté de relancer un secteur qui, de l'avis même du ministre, reste en retard. Il constitue néanmoins un des axes de la politique visant, a-t-il affirmé, « à préparer une économie de l'après-pétrole ». Le Calpiref a déjà approuvé 42 projets d'une capacité d'accueil de 5152 lits. Au-delà du parc hôtelier, le ministre, qui a également visité l'île de Leïla qui fait face à la plage de Rachgoun, a indiqué que « le tourisme doit être complémentaire avec d'autres secteurs comme la jeunesse et les sports, la culture ». Cette vision passe, selon lui, par la « valorisation des sites, l'élaboration de circuits touristiques pour faire découvrir le patrimoine historique de la région à l'instar du tombeau de Syphax ». Au niveau du chef-lieu de wilaya, il a reçu des explications sur un projet de construction d'un institut des techniques hôtelières et de tourisme. Il a posé la première pierre du nouveau siège de la direction du tourisme qui sera réalisé par une entreprise privée. Il a enfin procédé à l'inauguration de la maison de l'artisanat qui donne sur une des principales rues du vieux Témouchent. Même si la région n'est pas un haut lieu de l'artisanat traditionnel, elle compte, dit-on, quelques potentialités en matière d'habits traditionnels, de bijouterie en perle et d'art culinaire. Le ministre a exhorté les responsables de cette nouvelle infrastructure à encourager et valoriser le travail des artisans les plus créatifs. Hier vendredi, Amar Ghoul devait présider une rencontre avec les militants et sympathisants de son parti TAJ.