La quatrième réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc a pris fin samedi soir à Manhasset (New York). Comme les trois précédentes, ce rendez-vous de deux jours sous les auspices de Christopher Ross, envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, n'a pas fait avancer d'un iota les négociations. Les deux parties ont convenu de ne pas rompre le contact et de se retrouver en janvier et mars 2011. L'Algérie et la Mauritanie ont assisté aux sessions d'ouverture et de clôture. «Les deux parties qui ont eu des discussions approfondies dans une atmosphère de franchise et de respect mutuel ont proposé des idées concrètes et se sont engagées à construire une nouvelle dynamique dans le processus de négociations lors des deux prochaines sessions de pourparlers informels des 21 et 22 janvier et en mars 2011», affirme M. Ross à l'issue des discussions. Précision de l'envoyé spécial de M. Ban Ki-moon, les deux parties qui ont confirmé la poursuite des visites familiales par avion prévoient, comme elles ont convenu en novembre dernier de rencontrer prochainement le bureau du Haut Commissaire pour les réfugiés à Genève pour le lancement des visites par voie terrestre, «les deux parties campent sur leurs positions, comme base unique des négociations à venir». «La délégation marocaine est restée retranchée dans son attitude obstructionniste gratifiant une approche anti-démocratique et surannée et, de la sorte, faisant fi des appels de l'Envoyé personnel et du Conseil de sécurité préconisant un dialogue de fond et une négociation franche et sans pré-conditions en vue d'aboutir à une solution assurant le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», déclare le chef de la délégation sahraouie, M. Khatri Addouh qui a réclamé un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU, qui donnerait aux Sahraouis un choix entre trois options : indépendance ou autonomie sous souveraineté marocaine ou rattachement au Maroc, l'envoi d'une commission d'enquête internationale à Laayoune pour faire la lumière sur les événements sanglants de Gdaim Izik et d'El Laayoune et l'ouverture du Sahara occidental occupé devant la presse, les ONG et les observateurs internationaux. M. Ross n'a pas pris le soin d'expliquer que le Maroc a tourné le dos aux résolutions du Conseil de sécurité. Celles-ci insistent sur la tenue d'un référendum au Sahara occidental, un territoire inscrit par l'ONU parmi les 16 à décoloniser, veut élargir ces pourparlers à d'autres parties. Selon Taib Fassi Fihri, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, il faut que M. Ross «écoute ceux qui, dans la région, peuvent contribuer à faciliter le processus». Lesquels ? Le chef de la diplomatie de Mohamed VI suggère à demi-mots l'Espagne et la France, deux pays qui minent la mission de Ross avec leurs interférences et que le ministre des Affaires étrangères sahraoui, M. Mohamed Salem Ould Salek, souhaite exclure du groupe des amis du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental aux côtés des Etats Unis, la Russie et la Grande-Bretagne. Le processus de Manhasset qui a suscité un moment un espoir finira-t-il par s'éteindre avec la détermination du Maroc d'imposer son plan d'autonomie comme unique et seule solution ? Les Sahraouis qui ont remis sur la table la possibilité de reprendre les armes semblent attendre avril prochain, date de la prochaine réunion du Conseil de sécurité dont ils attendent qu'ils assument ses responsabilités ou lèvent le drapeau blanc.