« Le navet à 180 dinars me reste en travers de la gorge », ironise un client. Le citron à 600 DA le kg ! Les autres légumes sont également hors de portée des petites et même des moyennes bourses. A titre d'exemple, l'oignon est cédé 70 DA le kg, la pomme de terre à 60 DA, le poivron à 140 DA, la courgette à 220 DA, l'haricot vert à 160 DA et l'haricot rouge à 250 DA. Il ne reste que le concombre, l'aubergine et la carotte qui trouvent preneurs à 100 DA. Cette situation perdure depuis plus d'une semaine. Au grand désappointement des citoyens, elle coïncide avec la rentrée des classes. Comme si l'achat des fournitures scolaires ne suffisait pas. C'est au tour des légumes de connaître une flambée au mauvais moment. Celle-ci met dans l'embarras les familles qui connaissent des fins de mois difficiles. C'est ce qui explique la désertion des marchés, notamment à Alger. Des mères et des pères de famille ont simplement fui ces abords de feu pour reprendre les paroles d'un vieil homme. « Les gens se sentent détroussés », ajoute son compagnon. Qu'en pensent les vendeurs ? Ils se disent autant sinon plus impuissants que les chalands. Ils s'en lavent les mains avec une mine et des gestes de désolation. Ils n'y sont pour rien et ne se sentent en rien coupables affirment ceux que nous avons interrogés. « C'est la loi de l'offre et de la demande. La situation est aggravée par les pluies qui ont fait leur apparition depuis trois jours et empêchent les paysans de procéder aux récoltes », expliquent certains d'entre eux. Ils rassurent néamoins. « Les choses vont rentrer dans l'ordre ». « Il faut voir plus haut dans le circuit de distribution », murmure un vendeur de fruits. Les prix des viandes blanches et rouges sont stables. Ils restent, toutefois, hors de la portée des petites bourses. Le poulet est proposé à 330 DA. La viande d'agneau est affichée à 1 400 DA le kilo, alors que celle du bœuf est à 1 400 DA. La viande bovine congelée, pour sa part, est cédée à 890 DA le kg. L'astuce est toute trouvée pour cette mère de famille. Elle a suggéré un bon plat de lentilles vu la baisse sensible des températures. Mais là encore les légumes secs se font désirer. 200 DA le kg de lentilles, d'haricot et de pois cassés. C'est encore un casse-tête chinois pour les familles qui vivent simplement de leurs maigres salaires. Du côté du ministère de l'Agriculture, on évoque la spéculation et les intermédiaires pour expliquer cette situation. « Sinon comment expliquer qu'un produit sorte de chez l'agriculteur à un prix et se retrouve sur les étals avec dix fois son prix de vente ».