Les habitants de Dellys (63 km à l'est de Boumerdès) attendent beaucoup du projet de réhabilitation du phare Bengut, plus connu sous l'appellation de Bordj Fnar, après le parachèvement de ses études, entamées dernièrement dans l'objectif de sa restauration et reconstruction. « Ces études ayant duré 12 mois, confiées à un bureau spécialisé dans le cadre des programmes sectoriels, permettront de déterminer les mesures d'urgence susceptibles de mettre un terme à la détérioration de ce monument d'importance, dont la situation a empiré suite au séisme du 21 mai 2003 », a indiqué à l'APS le directeur de la culture de la wilaya, Mohamed Kebour. Répertorié dans l'inventaire des biens culturels fonciers de la wilaya en 2008, ce monument demeure encore debout sur un site pittoresque surplombant la mer, d'où il nargue les vicissitudes du temps avec la beauté inaltérable de son architecture. Véritable repère pour les marins et capitaines désirant accoster les eaux du port de Dellys, ce phare a grand besoin de « travaux d'urgence », car il menace de s'effondrer, à tout moment, à cause de la négligence dont il fait l'objet, depuis son arrêt d'activité, a-t-on constaté. Un monument historique datant de la fin du XIXe siècle Selon les documents détenus par la direction de la culture de Boumerdes, la construction de ce phare remonte à 1881, soit plus de 40 ans après l'occupation française de Dellys. Il se compte parmi les 25 phares érigés sur le littoral du pays, de 1886 à 1954. Baptisé du nom de son constructeur, l'ingénieur Bengut, sur lequel aucune information n'est disponible, ce phare a été construit dans la zone des « jardins » enchanteurs, le point le plus culminant dans la région par rapport au niveau de la mer. Il est limité, à l'Est, par le port et le secteur protégé de l'antique Casbah de Dellys et, à l'Ouest, par une vieille citadelle. Ce phare, dont l'architecture est inspirée des minarets des mosquées, est considéré comme l'un des plus beaux que compte le pays. D'une hauteur de 25 mètres, il fonctionne avec un projecteur émettant des rayons lumineux d'une portée de 95 km, selon sa carte technique. Fonctionnant avec une puissance de 6000 watts, la lampe envoie des signaux lumineux aux navires, toutes les 17 secondes et sans interruption. De nuit, ces signaux peuvent être vus à partir des hauteurs d'Azeffoun (60 km à l'est de Dellys), voire des hauteurs d'Alger, à l'Ouest. Ce monument renferme en son sein un précieux matériel demeuré intact, selon la même source. Ce matériel consiste en des appareils d'éclairage de secours, d'un capteur électrique, d'un cadre circulaire pivotant sur un récipient de mercure, et autres instruments de contrôle des mouvements de rotation, d'une lampe à gaz, d'une loupe, d'une boussole, d'un paratonnerre et autre objets. Après un siècle de fonctionnement, ce phare, source d'une valeur ajoutée réelle pour la ville de Dellys, a été mis à l'arrêt, dans la nuit du 22 février 1994, suite à un attentat terroriste, à la bombe, dont la déflagration avait ébranlé ses fondations et ses murs. Les travaux de restauration de ce vestige ont nécessité pas moins de six ans. Après une reprise de son fonctionnement, il dut s'arrêter de nouveau, le séisme du 21 mai 2003 ayant fait apparaître de grandes fissurations sur ces murs qui demeurent toutefois debout. Des associations demandent d'en faire un musée maritime Après le séisme de 2003, un autre phare a été construit à côté de l'ancien, qu'il dépasse de sept mètres, mais de moindre qualité architecturale que celle de Bordj Fnar. Toutefois, la direction de la culture ne désespère pas de remettre en marche le phare de Bengut, après l'achèvement des travaux de restauration. De leur côté, nombre d'associations locales, dont La Casbah de Dellys et Nautilus, insistent sur la nécessité de « sauver en urgence » ce repère historique pour en faire « un musée maritime » où seraient entreposés les « trésors » marins, détenus actuellement par des habitants et des associations de la ville de Dellys.