L'annonce solennelle de la formation d'un gouvernement d'union nationale a été faite, dans la nuit de jeudi à vendredi, par le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye et chef de la Mission des Nations unies d'appui dans ce pays (Manul), Bernardino Leon. Cette avancée non négligeable concrétise la quête jamais démentie pour le retour à la stabilité d'un pays enlisé dans une guerre fratricide et menacée de désintégration. Dans une dynamique de dépassement des divergences marginales et de la lutte pour le contrôle du pouvoir, la consécration de l'entente cordiale scelle une démarche consensuelle qui exclut le recours à la force et au langage des armes au profit de la solution négociée. Le gouvernement d'union, présidé par Fayez El Sarraj et comprenant trois vice-Premiers ministres, Ahmad Meitig, Fathi El Mejbri et Moussa El Koni, constitue assurément la pierre angulaire du processus de refondation institutionnelle et constitutionnelle qui constitue indéniablement le cadre idoine et incontournable de règlement des différends libyens par les libyens. Dans une semaine au plus tard, il est prévu que la Chambre des représentants libyenne et le Congrès national général (CNG) de la Libye, siégeant respectivement à Tobrouk et à Tripoli, mettent la touche finale au futur conseil présidentiel. Essentiellement, il s'agira pour les deux principales forces au dialogue, comme le relèvera le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de « ne pas gâcher cette opportunité » dans la voie de la reconstruction d'un Etat légitime et crédible. Une belle opportunité qui a trouvé grâce aux yeux de Ban Ki-moon, qui n'a pas tari d'éloges sur la volonté de dialogue des participants. « Il est temps aujourd'hui pour les participants au dialogue politique de valider cette proposition et de signer l'accord sans attendre », a souligné Ban Ki-moon dans un communiqué publié hier par son porte-parole Stephane Dujarric. La nouvelle Libye qui tourne le dos au chaos destructeur et à la dérive sanglante a vraiment besoin de cette « chance historique », plaidée par l'émissaire onusien Bernardino Leon vantant un processus engagé depuis une année de consultations intensives avec plus de 150 personnalités représentant toutes les régions, les partis politiques, les municipalités, les personnalités influentes, les chefs de tribu et la société civile. « Beaucoup trop de Libyens, fera-t-il savoir, ont perdu la vie et autant de mères en ont souffert. Aujourd'hui, près de 2,4 millions de Libyens ont besoin d'aides humanitaires ». Elle consacre la primauté de la solution politique prônée en pionnier par l'Algérie, bien loin de toutes formes d'intervention et de l'ingérence étrangère coupables des drames vécus par le peuple libyen et aux effets déstabilisateurs dans la région. Bien plus, le « printemps arabe » des fausses promesses de liberté et de démocratie a généré la menace de Daech trônant sur l'émirat de Derna, faisant main basse sur Syrte et rêvant de conquérir Tripoli. C'est tout naturellement que la main tendue de l'Algérie aux frères libyens a cristallisé le devoir de solidarité historique inscrit dans les phases de dialogue regroupant les partenaires influents. Lors de son intervention à l'occasion d'une réunion de haut niveau sur la Libye, tenue récemment à New York, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a rappelé la quintessence de la position de principe d'une Algérie, au côté de la Libye dans les moments de « bonheur » et de « malheur » et constamment mobilisée pour garantir le libre choix libyen d'un avenir libyen. Il est, à cet effet, particulièrement significatif que le soutien de l'Union européenne prête à consentir une aide politique et financière (100 millions d'euros) au nouveau gouvernement marque le choix stratégique d'une ère de « paix et de prospérité » aux antipodes des guerres d'invasion néocoloniales menées en Irak, en Syrie et en Libye.