La promotion de la discipline historiographique figurait parmi les réflexions émergentes au colloque international sur « L'exercice de l'autorité dans les mondes musulmans d'aujourd'hui », ouvert, hier, au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran. Champ d'étude régissant l'écriture de l'histoire à l'appui de normes scientifiques pour l'exploitation de sources documentaires d'une époque donnée, l'historiographie constitue « un des enjeux de notre société », a affirmé le socio-historien algérien Hassan Remaoun. « L'un des enjeux de notre époque, dans notre société, c'est la réémergence de la discipline historiographique », a-t-il indiqué lors de cette rencontre, qui a vu les intervenants unanimes à relever « la grande place qu'occupe le référent traditionnel dans le champ religieux et les projections sociales ». « L'histoire et la mémoire n'ont pas tout à fait la même fonction, la première étant une discipline avec ses normes et ses méthodes », a expliqué Remaoun, également professeur à l'Université d'Oran. « La question de l'autorité représente un objet d'étude intéressant dans la mesure où elle est ajoutée au débat scientifique, au débat de société », a-t-il fait valoir, estimant que « cela démontre que la communauté des chercheurs n'est pas éloignée des préoccupations de la société, sans pour autant se substituer aux autres secteurs ». « Les sciences peuvent ne pas être acceptées par les sociétés. Pendant longtemps, la théologie a recouvert tous les savoirs, et donc la mémoire se glisse là dedans », a-t-il observé, partageant ainsi l'avis de nombre de participants à cette manifestation académique, à l'instar du chercheur marocain Mohamed-Sghir Janjar. « Prendre ce que dit la tradition pour l'histoire elle-même, cela amène à interroger le schéma sur l'exagération de l'importance de la tradition dans le vécu », a souligné Janjar, qui a mis en évidence plusieurs éléments d'analyse spécifiques à son pays, comme l'évolution démographique, le patriarcat et la famille. Un panel de 26 conférenciers algériens et étrangers participe à cette rencontre académique dont l'objectif est de traiter de la question de l'autorité par rapport aux mutations sociales dans les pays musulmans. Les communications sont réparties à travers sept séances thématiques intitulées « La question de l'autorité dans le contexte colonial », « Transformations de l'autorité religieuse », « Pouvoir, autorité et société : entre légalité et légitimité », « Autorité et liens entre générations », « L'autorité et rapport de genres » et « L'autorité dans le contexte communautaire : entre texte et pratique ». Ce colloque est organisé par le Crasc, en partenariat avec le Centre Jacques-Berque pour les sciences humaines et sociales (Rabat, Maroc), le Laboratoire des études maghrébines Dirasset (Tunis) et l'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (Tunis).