De notre envoyée spéciale : Nouria Bourihane Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a tenu à démentir les informations sur une prétendue volonté de l'Etat de changer la monnaie nationale. Il a rassuré à cet effet ceux qui agissent dans l'informel. « Aucune poursuite judiciaire ou fiscale n'est prévue contre eux et je tiens à proclamer que ces informations sont infondées. L'Etat n'a aucune volonté de changer la monnaie », a-t-il affirmé dans son discours à l'ouverture des travaux de la 18e tripartite à Biskra. Sellal a saisi l'occasion pour réitérer l'appel du gouvernement en direction de cette frange de la société l'incitant à régulariser sa situation en toute sécurité et confiance. « Les dispositifs de mise en conformité sont simples, transparents et sans implication qu'un droit minime dont ils doivent s'acquitter ». « Je les encourage vivement à déposer, en toute confiance, leurs avoirs dans les banques non pas parce qu'ils sont obligés, mais parce qu'ils y trouveront des avantages et pourront investir leurs moyens financiers dans le secteur productif », a indiqué le Premier ministre. « Il y a des réticences de la part des opérateurs qui ne veulent pas adhérer à cette démarche. En cette conjoncture de crise, les efforts du gouvernement sont orientés vers la réunion des conditions d'émergence d'une base productive et industrielle nationale moderne et compétitive à travers l'amélioration de l'environnement de l'entreprise publique ou privée », a-t-il dit. Une plus grande implication des banques Le Premier ministre a annoncé de nouvelles mesures pour encourager l'investissement national. Ainsi, il a appelé à la simplification de l'accompagnement bancaire et à l'implication des banques privées dans l'acte d'investir local. « Les établissements financiers sont encouragés à l'effet d'accompagner les entrepreneurs et les porteurs de projets à travers le développement des crédits à l'économie, qui ont certes progressé de 22,7% en 2015 mais qui doivent encore augmenter car notre objectif est de permettre aux entrepreneurs d'investir plus ». Les banques publiques « sont appelées à rationaliser la gestion des crédits à l'économie et les banques privées à participer à l'effort de développement national et ne pas se contenter principalement du financement du commerce extérieur ». Outre la réintroduction du crédit à la consommation, la simplification de l'octroi du foncier industriel à travers des instructions aux walis pour accélérer l'opération et aux P/APC pour la création d'une zone industrielle dans chaque commune, Sellal a indiqué que l'avant-projet de loi relatif à la promotion de l'investissement prévoit « de nouvelles dispositions incitatives tout en clarifiant et en assouplissant les règles d'investissement avec le maintien de la règle 51-49 », a-t-il insisté. Le gouvernement poursuivra l'action de sécurisation des cadres gestionnaires, a indiqué Sellal, en leur rappelant leur obligation « à lutter contre la corruption et la dilapidation des moyens des entreprises ». Abdelmalek Sellal a rassuré les patrons du soutien de l'Etat en les appelant à faire preuve de créativité et d'ambition. « Enrichissez-vous sans complexe. L'Etat soutiendra et protégera vos investissements pour l'intérêt du pays » a-t-il dit, en saluant l'initiative du FCE visant « la création d'un fonds privé d'investissement ». Il a indiqué que les dispositions prises dans la LFC 2015 et la LF 2016 visent à « optimiser les recettes du budget de l'Etat, rationaliser les dépenses, soutenir les entreprises, faciliter l'investissement et à encourageer le secteur national productif ». Pas touche au caractère social de l'état Le Premier ministre a souligné la volonté du gouvernement à « poursuivre et intensifier le contrôle des importations sans entraver l'approvisionnement de l'outil de production ou la dilapidation des produits au niveau du marché national ». En affirmant que la tripartite est un autre moment pour « dire la vérité », Sellal a expliqué que le choix du gouvernement de maintenir le prix du baril à 45 dollars comme prix de référence pour l'élaboration de la LF 2016 va « dans le sens de la croissance et non celui de l'austérité car nous avons largement les capacités de résister et de nous améliorer » en ayant comme seul objectif « le développement du pays ». Il a précisé, dans ce contexte, que les appels lancés par certains économistes pour réduire les dépenses à raison de 47%, c'est-à-dire au même niveau de la baisse enregistrée l'année passée dans les recettes, est contraire à la nature sociale et démocrate de l'Etat algérien qui continue de respecter le contenu de la déclaration du 1er novembre. « Je peux vous assurer que l'homme politique qui matérialise le mieux l'attachement à ces principes, c'est bien le président Bouteflika qui n'acceptera jamais que soit aliénée sous son autorité la dignité de l'Algérie et des Algériens ou la remise en cause de la vocation sociale et le développement économique du pays », a-t-il expliqué. « La gestion rationnelle des finances publiques et les décisions d'anticipation prises permettront à l'Algérie de mieux encaisser la baisse des prix du pétrole » a rassuré le Premier ministre, qui a rappelé l'ensemble des décisions prises pour préserver le pouvoir d'achat des Algériens et la promotion de la ressource humaine. Face à cette situation, Abdelmalek Sellal a appelé les Algériens à se mettre au travail. « Il ne s'agit pas de culpabiliser nos concitoyens mais de travailler encore plus et ensemble pour améliorer nos facteurs de production et préserver ce modèle social en améliorant sa performance ». « Je prétends qu'il n'y a qu'une seule voie pour atteindre ces objectifs : la croissance et la foi dans le génie des Algériens, notamment les jeunes », a soutenu Sellal. « Rien ne nous empêche de bâtir l'Algérie du XXIe siècle » Aux fatalistes, qui doutent de la démarche du gouvernement, Sellal répond par « un message d'espoir et de courage pas du tout naïf mais fondé sur une parfaite connaissance des potentialités nationales et sur une foi inébranlable en nos concitoyens », car « notre objectif est de mettre en place une économie moderne et pérenne ». « Ce n'est sûrement pas une conjoncture économique certes, difficile, qui nous empêchera de bâtir l'Algérie du XXIe siècle avec une économie émergente », a-t-il soutenu. « Ceux qui appellent à la démission collective doivent savoir qu'ils ne servent pas leur pays en agissant de la sorte et que leur véritable responsabilité est de s'approprier la chose publique pour que nous puissions contribuer au renouveau national » a-t-il clamé. Le Premier ministre a appelé les jeunes à « saisir les opportunités qui leur sont offertes dans les domaines de l'enseignement, de l'emploi, du logement et de l'entreprenariat qui sont une chance et une réalité tangible. Le chef de l'Etat leur fait confiance et place en eux de grands espoirs. Il leur appartient d'être à la hauteur de la grandeur de leur pays en étant innovants et créatifs. Nous seront constamment à leurs côtés », a conclu Sellal.