La Communauté économique des 15 Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) tranchera demain sur la Côte d'Ivoire. La CEDEAO qui a mis en «marche» ses plans pour une intervention militaire en Côte-d'Ivoire, tranchera sur les «nouveaux pas» qu'elle entreprendra pour résoudre cette crise à la lumière des rapports de missions que lui présenteront demain à Abuja, Nigeria, les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert). Chargés de résoudre la crise postélectorale ivoirienne, les trois émissaires reprendront ce matin leur bâton de pèlerins. Mission : demander pour la dernière fois à Laurent Gbabgo de quitter «pacifiquement» le pouvoir s'il veut avoir la garantie de l'immunité.«Si tous les moyens de persuasion politique échouent, la CEDEAO prendra par la force le pouvoir à Laurent Gbagbo et le donnera à Alassane Ouattara», prévient le porte-parole de l'armée nigériane le colonel Mohamed Yerimah, après une nouvelle réunion des chefs d'état-major de l'organisation régionale sur cette question, prévue à la mi-janvier à Bamako. Comme la perspective d'une intervention militaire est sur la table, les pays étrangers conseillent à leurs ressortissants de quitter provisoirement la Côte-d'Ivoire où les experts de l'ONU craignent des «violences ethniques» et «des crimes contre l'humanité». Charles Blé Goudé, le chef des Jeunes Patriotes proches de Laurent Gbagbo, menace de lancer ses troupes, «à mains nues» à l'assaut de l'hôtel du Golf où le camp Ouattara s'est retranché sous la protection de 800 Casques bleus et des éléments Forces Nouvelles (ex-rebelles). Selon Ban Ki-moon l'Onuci a reçu un mandat pour «faire usage de tous les moyens nécessaires» afin de protéger ses troupes et les occupants de l'hôtel et une attaque contre le Golf hôtel pourrait rallumer la guerre civile de 2002-2003 qui a entraîné une partition du pays-sud contrôlé par le camp Gbagbo, nord Forces Nouvelles. Surtout avec l'entrée en lice des «anciens combattants de la guerre civile» au Liberia qui proposent les services de leurs «machettes» pour qui les paiera. Laurent Gbagbo qui refuse de quitter le fauteuil présidentiel et de céder aux «ultimatums» d'Ouattara accuse l'Opération des Nations unies en Côte-d'Ivoire de «tirer sur des civils» et les pays occidentaux d'avoir fomenté «un coup d'Etat déguisé» contre lui. Il demande aux 9000 Casques bleus et aux 900 hommes de la «Licorne», la force française de quitter le pays. Gbagbo reproche aux deux «forces», pour la seconde fois depuis le 18 décembre dernier, de prendre partie pour son rival. Un avocat représentant Gbagbo, Aref Mohammed Aref, laisse entendre que le président sortant pourrait accepter un partage du pouvoir. Pour étayer ses dires, il cite la précédente coalition avec Guillaume Soro, ancien chef rebelle, ancien chef de gouvernement de Laurent Gbagbo et actuel Premier ministre d'Alassane Ouattara. Ban Ki-moon plaide pour «une issue pacifique et durable» à la crise. Cinq semaines après l'élection présidentielle du 28 novembre qui devait ouvrir une nouvelle ère à l'issue d'une décennie de tourmente politico-militaire, la lutte pour le pouvoir continue en Côte-d'Ivoire, un pays qui court tout droit vers une tragédie. L'Union africaine qui a dépêché à Abidjan le Premier ministre kényan Raila Odinga pour protéger «la démocratie et la voix du peuple» doit redoubler d'efforts pour résoudre cette crise qui risque de mettre en cause la paix et la stabilité de l'Afrique. Au Gabon, le syndrome «il y un président élu et un président légal» fait des émules. André Mba Obame dit AMO, qui a toujours contesté les résultats de la présidentielle d'août 2009 officiellement remportée par Ali Bongo Ondimba, se présente désormais comme le «président élu» en disant à ses «partisans» que «toutes les hypothèses», sans préciser lesquelles, sont sur la table».