Les déchets ne sont pas une fatalité. Ils peuvent même constituer une ressource. Partant de cette réalité, les pouvoirs publics ont instauré une assise juridique et instruit l'Agence nationale des déchets (AND) pour développer des filières de tri et de récupération. Pour mieux comprendre l'opportunité de la récupération dans la protection de nos ressources et de notre environnement, l'AND et la Caci (Chambre algérienne du commerce et de l'industrie) ont organisé, hier, à l'Ecole supérieure algérienne des affaires une journée d'étude sur la valorisation des déchets en entreprise, dans le cadre de la promotion de la bourse des déchets industriels. La bourse, comme l'a souligné le directeur général de l'AND, Mohamed Karim Ouamane, « mise en ligne le 5 juin de l'année en cours, constitue un instrument efficace pour faciliter la mise en relation entre les entreprises et les recycleurs ». Il a affirmé « que l'expansion et la pérennisation d'un secteur national du recyclage promet de nombreux bénéfices dont la réduction de l'importation de matières premières ». Selon lui, « cette journée d'étude est une opportunité pour créer un réseau d'échanges de bonnes pratiques dans le domaine de la gestion des déchets en entreprise et la promotion de la bourse comme l'un des outils mis à la disposition par le ministère des Ressources en eau et de l'Environnement à travers l'AND ». Un arsenal juridique a été mis en place pour lancer cette activité de récupération de déchets. Assia Bechari, sous-directrice au ministère des Ressources en eau et de l'Environnement, a évoqué ces textes. Il s'agit de la loi 04-409 du 14 décembre 2004 fixant les modalités de transport des déchets spéciaux dangereux (DSD) et le décret exécutif 06-104 du 28 février 2006 fixant la nomenclature des déchets. Elle a permis d'agréer 62 collecteurs des huiles usagées. « L'excédent est exporté vers la Tunisie pour en faire du carburant », a-t-elle indiqué. La récupération des déchets est une réalité dans notre pays. En effet, Tonic Industrie, comme l'affirmera son PDG, Mustapha Merzouk, a, pour ses « besoins en matières premières, investi sur une grande usine de récupération de déchets de papier et carton d'une capacité de 150.000 tonnes par an, équipée de lignes de tri en continu ». « L'objectif est de valoriser le déchet, véritable matière première en input dans ses process », a-t-il expliqué. Mise ne service en 2006, l'unité de récupération de Tonic Industrie a pour activité la collecte et le conditionnement de papier et carton. Le surplus de vieux papiers récupéré est exporté vers l'Europe et l'Asie. Le traitement des déchets dans des fours de cimenterie est une autre alternative. Elle fonctionne sans impact sur l'environnement. Patrick Leclair, directeur de Lafarge cimenterie, a estimé « que le secteur de la cimenterie peut être le catalyseur d'une politique progressive de mise en place de structures de traitement ». « La valorisation des déchets en cimenterie est une véritable opportunité puisque la matière récupérée, comme les pneus usagés, une fois brûlés, peut devenir une matière à transformer ». Lafarge est déjà arrivé à 4,16 millions de tonnes de fuels alternatifs par an. Leclair reconnaît qu'il « y a naissance de l'expérience algérienne en écologie industrielle avec l'incinération des médicaments périmés dans une usine de Mascara ». Enfin, le directeur de l'animation et du développement de l'entreprise à la Caci, Rachid Sa,i a annoncé la tenue du 5 au 8 octobre de l'année prochaine d'un salon sur la valorisation des déchets.