Jhon McEnroe a récolté une fabuleuse moisson en 1984. Roger Federer, en 2006 (92 victoires, cinq défaites) avec 12 titres, dont trois Grands Chelems, c'était très fort. Novak Djokovic en 2015 ne souffre pas de la comparaison. Fort désormais de 10 titres (dont trois Grands Chelems) avec 78 victoires pour 5 défaites, le Serbe n'en finit pas d'affoler les compteurs et de survoler la concurrence comme peu de joueurs l'ont fait. L'insatiable chasseur de records en a fait tomber cette semaine. Il est devenu le premier à s'adjuger six Masters 1000 dans la même saison (Indian Wells, Miami, Monte-Carlo, Rome, Shanghaï et Bercy). Il en compte désormais 26, à une longueur du record de Rafael Nadal (27). Ce record sera très probablement battu en 2016. Celui du nombre points de l'histoire de l'ATP avec un total de 16 145 points avait déjà été battu après son succès à l'US Open mi-septembre. Auteur d'un triplé inédit dans le tournoi parisien, le Serbe, avec quatre titres (2009, 2013, 2014 et 2015), devance désormais parmi les joueurs les plus titrés à Bercy, son coach Boris Becker et Marat Safin (3). « Physiquement et mentalement, j'ai atteint mon sommet. J'ai plus d'expérience pour chasser les moments de doute. Je suis marié et je suis également père. Je pense avoir trouvé un bon équilibre et une sérénité dans ma vie personnelle qui se reflète dans ma vie professionnelle. Je suis encore déterminé à progresser. J'essaie toujours de progresser, de m'améliorer dans ma vie et dans mon jeu. C'est mon état d'esprit. Personne n'est parfait, mais en cherchant la perfection on peut atteindre l'excellence. J'aime être sur le circuit, être compétitif au plus haut niveau », a résumé le numéro un mondial, tout en contrôle face à la presse. Novak Djokovic a participé dimanche à sa quatorzième finale d'affilée (dont quatre Grands Chelems et huit Masters 1000). Un record depuis les 17 finales de Federer entre 2005 et 2006. Il a signé au passage, contre Andy Murray, sa 22e victoire consécutive. Autre statistique étourdissante, le Serbe s'est adjugé cette saison 24 victoires en 28 matchs contre des membres du top 10 ! La partition du maestro n'a pourtant pas été aussi parfaite cette semaine que lors de son incroyable tournée asiatique d'octobre. Sa folle série de sets remportés s'est même arrêtée à 29 samedi, après qu'il a concédé une manche à Wawrinka en demi-finale. Mais le meilleur joueur du monde a su élever son niveau de jeu dimanche dernier en finale face à un Andy Murray, sans solution pour déborder le patron. « Il n'y a aucune honte à perdre contre un tel joueur », souffle son dauphin. Comme un aveu d'impuissance. Ce Djokovic galactique marche sur l'eau et sur ses adversaires. Et ce n'est probablement pas fini : « Tous les gens qui ont joué ou qui aiment le tennis aimeraient se retrouver un jour dans les chaussures de Djokovic et avoir cette capacité à voler sur le terrain. On a l'impression qu'il joue dans un rêve », résume l'ancien numéro un français et directeur du tournoi Guy Forget. Une cinglante réalité : Djokovic est plus que jamais un cauchemar pour la concurrence.