Le débat sur le projet de la loi de finances pour 2016 s'est ouvert, hier, en séance plénière, à l'Assemblée populaire nationale. Quelque 194 députés se sont inscrits pour enrichir ce projet, devant « booster l'investissement national », a indiqué Mohamed Djemaï, président du groupe parlementaire FLN. « Chaque article contenu dans cette loi répond à un besoin particulier », explique Djemaï, estimant que les critiques émises au sujet de ce texte traduisent « des lectures purement politiques » ne tenant pas compte de la nouvelle donne économique. Selon lui, la loi de finances pour 2016 comporte des articles qui préservent la souveraineté nationale et les acquis économiques. Baha Eddine Tliba, député de la même formation politique, a considéré que pour pallier toutes les défaillances engendrées par la chute des prix du pétrole, il faudrait engager une politique rationnelle en vue de surmonter cette conjoncture. Cela implique, d'après lui, « la consolidation du front interne et l'unification des visions économiques ». Saleh Eddine Dkhili, député RND, a reconnu, de son côté, l'existence d'une « crise financière » recommandant plus de rigueur et d'engagement économique « loin des politiques alarmistes prônées dans certains discours politiques ». « L'application d'une politique de rationalisation des dépenses nécessite des conditions appropriées. D'où le besoin de revoir les critères des estimations financières et des budgets alloués aux différents secteurs d'activité », relève-t-il. Ramdane Taâzibt, député du PT, a proposé, quant à lui, 40 amendements, qualifiant ce texte « de tournant grave par rapport aux acquis exprimés dans la loi de finances complémentaire pour 2009 ». « Ce texte rouvre la voie au pillage des richesses nationales et à l'endettement externe. Il remet en cause également le droit de préemption et la règle 51/49. Au plan politique, ces mesurettes confirment l'échec des réformes politiques puisqu'il sera question, en vertu de ce projet de loi, de tolérer la privatisation de Sonatrach et deux entreprises de souveraineté nationale. Cette loi remet en cause les équilibres qui ont permis à l'Algérie de faire face à de nombreuses crises ayant secoué le monde arabe », soutient-il, plaidant pour des solutions « politiques radicales et courageuses qui n'affaiblissent pas le pouvoir d'achat des citoyens ». Lakhdar Benkhellaf, député FJD, abonde dans le même sens, qualifiant ce projet « de dangereux, dont les contours sont dictés par des lobbies financiers ». Selon lui, il ne faudrait pas que les carences soient comblées par les petits salariés en procédant à l'augmentation des produits énergétiques qui, à leur tour, engendreront une hausse du taux d'inflation. « Cette loi incarne un système féodal sauvage profitant à une minorité d'hommes d'affaires. Nous sommes en train de subir les retombées de la politique qui utilise la manne financière sans contrôle pour acheter la paix sociale. Nous refusons cette loi de fond en comble », a affirmé le député en marge de la séance plénière. Koraichi, député indépendant, a soutenu lors de son intervention, que le texte « est plein de chiffres que seuls des spécialistes pourraient décoder ».