« La hausse des prix a touché les produits alimentaires et agroalimentaires importés tels que les fromages, les jus, les chocolats et les conserves », précise Ahmed, commerçant grossiste à Semar, dans la banlieue est d'Alger. Au mois d'octobre dernier, certains prix de produits alimentaires ont même doublé. C'est le cas, notamment, du haricot sec. « Le prix de gros du haricot sec de premier choix, importé d'Amérique du Sud, est passé de 185 DA à 280 DA le kg. Quant à celui en provenance d'Egypte, il est cédé à 250 DA le kg », précise Ahmed. Le grossiste ne s'embarrasse pas d'explication, il impute ce surenchérissement au « monopole » d'un importateur. Idem pour la pâte de chocolat de marque « Nutella » dont le pot de 800 grammes est passé de 460 DA à 620 DA. Un produit qui, malgré son prix « exorbitant », demeure rare sur le marché. « Nutella fait l'objet de vente concomitante puisque l'importateur impose aux acheteurs d'autres produits qu'il n'arrive pas à écouler facilement », explique Ahmed. La hausse n'a pas également épargné les produits cosmétiques et d'hygiène corporelle importés. C'est ce que confirme Boubekeur, commerçant grossiste de ces produits. « Les prix de certaines marchandises ont connu une hausse depuis plus de 20 jours », note-t-il. Chez son voisin, Mustapha, grossiste en produits agroalimentaires, c'est un autre son de cloche. Pour lui, les prix des fromages, jus, et autres boissons énergétiques n'ont pas bougé d'un iota. Et d'expliquer : « Tous ces produits proviennent d'Amérique latine et de certains pays d'Asie, notamment d'Inde et de Chine. Comme le dollar américain a baissé quelque peu depuis un mois et demi, les prix des importations n'ont pas grandement changé malgré la dévaluation du dinar ». Selon lui, ils ne vont pas connaître une hausse dans un proche avenir. « En fin d'année, les prix ne changent généralement pas. Nous faisons l'inventaire quoique des bruits courent selon lesquels le prix de l'huile va augmenter de 10 DA », souligne-t-il. D'autant plus, enchaîne-t-il, qu'« ici c'est un bazar qui n'est pas soumis au contrôle et n'obéit à aucune règle ou logique ». Le président exécutif du marché de gros alimentaire de la localité de Gué-de-Constantine, Omar Laazri, a affirmé que les vendeurs en gros « ne sont pas responsables de l'augmentation des prix ». Il signale que la marchandise importée, dont les haricots, les lentilles et les pois chiches, « s'affiche à des prix différents parce que venant de destinations différentes ». Il cite pour exemple les haricots importés d'Argentine ou d'Ethiopie dont la différence de prix va jusqu'à 80 DA le kg. Dans ce cadre, il a souligné l'importance d'encourager la production nationale pour réduire les prix. Concernant l'état des lieux du marché de gros de Semar, M. Laazri fait savoir qu'il ne répond plus aux normes permettant d'exercer l'activité commerciale. Il a mis en exergue l'importance de la disponibilité des marchés de gros en alimentation « qui répondent aux standards internationaux, notamment en matière d'organisation et de sécurité ». Selon lui, ce genre d'infrastructure fait toujours défaut, malgré les engagements du ministère du Commerce. « L'importance d'organiser un marché de gros, avec principalement l'aménagement d'un espace commercial, facilite le contrôle et le suivi des marchandises », a-t-il indiqué. M. Laazri a précisé qu'« il est très difficile de contrôler la marchandise de l'alimentation », à cause de l'anarchie au niveau du marché de Semar, soulignant que cet espace réservé au commerce de gros est dans un état « déplorable et désolant », au vu des routes usées et des espaces insalubres qui l'entourent.