Après la générale présentée à Constantine dans le cadre de la manifestation « Constantine capitale de la culture arabe 2015 », la pièce « Massinissa et Sophonisbe », produite par le théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou, est revenue au bercail. Elle a été présentée mardi dernier au public qui l'a accueillie avec beaucoup d'émotion et d'admiration. Mise en scène par Hamida Aït El Hadj, d'après un texte de Naïma Hassas, adaptée pour les planches par Noureddine Aït Slimane, la pièce a été jouée en présence du wali, Brahim Mérad, et du P/APW, Hocine Haroun. Elle traite, pour rappel, en tamazight, de la vie de Massinissa, le roi numide et de sa volonté d'unifier la Numidie contre Rome. Le premier tableau de la pièce s'ouvre sur le palais de Carthage. La belle princesse Sophonisbe, campée par Telilli Salhi, éprise d'art et de culture, apprend à son amie et confidente Massiva (Farida Saber), la danse de Carthage. La conversation entre les deux femmes tourne autour de la guerre qui oppose les Carthaginois aux troupes de Massinissa. La princesse confie ses craintes de voir son mari, le roi Syphax, tué par Massinissa ou tomber entre les mains des Romains. Elle décide d'écrire à Massinissa pour lui demander d'épargner celui-ci. La lettre a fini, par le truchement de l'intriguant romain Scipion, ( Selmani Kamel), par tomber entre les mains de Syphax qui, se sentant trahi, jure de préserver son honneur. Massinissa, dont le rôle est magistralement interprété par Noureddine Ali Hamdane, finit par vaincre Syphax (Makhlouf Aoudia) qui a été capturé avant d'être banni par son frère. Devant Sophonisbe, Massinissa, avouant que son grand rêve est d'unifier la Numidie, jure à la princesse qu'il n'a pas tué Syphax. L'Agguellid lui explique qu'il ne voudrait pas que l'Histoire retienne de lui qu'il a éliminé son frère. Il lui propose également de l'épouser pour échapper aux Romains. L'un et l'autre jurent fidélité à la Numidie. Animé par un sens politique aigu, fin stratège, patriote, passionné de Sophonisbe mais surtout de la Grande Numidie, Massinissa multiplie les manœuvres, planifie et tente de contrecarrer les ambitions romaines. Scipion, de son côté, veut à tout prix reprendre la reine propriété de Rome. Sur une musique captivante signée Djafar Aït Menguellet, les acteurs se donnent la réplique et multiplient les tableaux. Le rideau tombe lorsque Sophonisbe préfère se donner la mort plutôt que de tomber entre les mains des Romains. Abattu, Massinissa jure de venger sa bien-aimée et proclame que « l'Afrique ne sera que pour les Africains ». Après le spectacle, le metteur en scène a fait part à Horizons de son bonheur « d'avoir joué la pièce Massinissa à Cirta, la capitale de la Numidie et à Tizi-Ouzou la capitale de Tamazgha ». Tout en reconnaissant qu'il reste beaucoup à faire car la pièce n'est qu'à 70% du travail désiré et n'est rentrée en production qu'à la mi-septembre, Hamida Aït El Hadj a ajouté que la pièce « Massinissa et Sophonisbe » entendait mettre en avant la dimension humaine du personnage de Massinissa et son amour pour sa terre ». Elle ne manquera pas de rendre un vibrant hommage à l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, qui a été d'un grand apport et un grand soutien pour elle du temps où il était directeur de la culture. « Sans lui, cette pièce n'aurait jamais vu le jour », dira-t-elle d'une voix pleine d'émotion. Prochaine présentation au TNA Le public, tout en félicitant la troupe du TR Tizi-Ouzou pour la qualité de la pièce, est sorti ravi. « Il est important que « des symboles de l'histoire de l'Algérie soient ainsi ressuscités et que l'histoire du pays soit revisitée de la sorte », comme nous le dira le P/APW, Hocine Haroun. « Une réécriture de la version a tenté de se rapprocher le plus de la réalité historique, ô combien difficile à restituer », nous confiera Hamida Aït-El Hadj pour qui l'histoire « écrite par les Occidentaux « est dévoyée ». « A travers cette pièce, j'ai voulu mettre en scène les deux Aguelids mumides les plus connus pour leur esprit de vaillance, de courage et témérité. Massinissa et Syphax sont deux rois amazighs qui ont œuvré et qui ont mis toute leur stratégie et leur intelligence au service de la réunification de la Numidie », dit elle. « La réunification dérangeait au plus haut degré Rome qui avait peur que la Numidie et Carthage réunies la chasseront de cette partie de la Méditerranée », a souligné, de son côté, l'anthropologue et journaliste Yacine Si Ahmed. Cette pièce sera présentée dans d'autres villes du pays, notamment durant la première semaine de janvier au TNA et dans différentes localités de la région, à l'instar d'Azazga.