La célébration du nouvel An amazigh (Yennayer) dans le M'zab, dans le sud algérien, est l'occasion pour les populations locales de renouveler leur profond attachement à l'authenticité du patrimoine social et culturel séculaire, notamment oral, de leur région. Très attachés à leur passé et aux valeurs sociales, les habitants du M'Zab accordent une grande importance à Yennayer pour la revivification des traditions ancestrales qui remontent à très loin dans l'histoire. «Transmise de génération en génération, la célébration de Yennayer qui coïncide dans le M'Zab avec le 7 janvier de chaque année, contrairement aux autres régions du pays qui fêtent l'évènement le 12 du même mois, procure aux populations de la région un sentiment d'identité et présage d'une année agraire féconde», explique un sociologue de la région. La célébration de Yennayer dans le M'Zab est liée beaucoup plus aux cycles des saisons et aux activités agraires dans la région, précise-t-il. «Cette fête vient interrompre la monotonie de la vie quotidienne et marque le passage d'une période à une autre, dans un climat festif et familial, et le début de la saison agricole», souligne-t-il. La coutume veut qu'à l'occasion de Yennayer cette fête soit estampillée d'un cachet particulier avec la préparation de «Arfis», un plat culinaire traditionnel sucré, très prisé par les habitants du M'Zab et obéissant à un rite particulier. Selon la tradition, les mets préparés pour la soirée du nouvel an «Yennayer» ne doivent contenir que des ingrédients de couleur blanche (sucre, semoule, lait...) afin, dit-on, que la nouvelle année soit une année de paix et de bonheur. Ce plat «Arfis» du terroir, incontournable lors de la célébration du nouvel An amazigh, se prépare essentiellement à base de semoule, sucre, lait et œufs, que la ménagère fait cuire sous forme de galette qui, une fois effritée, est passée à la vapeur. Imbibé de smen (graisse naturelle) et décoré avec du raisin sec et des œufs durs, «Arfis» réunit toute la famille élargie. Une fois la dégustation achevée, c'est l'inévitable verre de thé accompagné de fruits secs (cacahuètes, amandes, pistaches...), avant qu'une prière suivie de la lecture de la Sourate de la Fatiha du Saint Coran ne soit prononcée pour implorer Dieu de faire de cette nouvelle année, considérée comme le début de la saison agricole, une année de bonne récolte et de pluies bienfaisantes. La soirée s'achève en famille dans une atmosphère rituelle par des jeux appelés Alaoune, l'équivalent de la Bouqala algéroise. Au nord de la vallée du M'Zab, un autre plat culinaire traditionnel dénommé «Charchem» est préparé par les habitants à cette occasion. Ce plat est composé essentiellement de blé fumé, avec aussi des ingrédients et des épices qui lui donnent une saveur spécifique. Les ménagères renouvellent, à cette occasion, selon la tradition, les ustensiles de cuisine ainsi que le «Knoun», espace aménagé pour y faire du feu. Toutes les cérémonies festives dans la région du M'Zab se transforment, comme il est de tradition, en des manifestations de recueillement où des prières sont dites et des versets coraniques psalmodiés.