A Médéa, l'avènement du Nouvel An amazigh est célébré le 12 du mois de janvier avec faste et ferveur à l'instar des autres régions du pays tels la Kabylie, les Aurès, le Hoggar et Tlemcen où cette tradition séculaire est vécue comme un grand moment de communion et de prière. Yennayer ou El-Aâm, selon les appellations empruntées à chaque culture locale, reste pour bon nombre de Médéens le témoin vivant du lointain, mais indélébile passage de la civilisation numide dans la région. Médéa garde, à ce titre, les traces de ce passage à travers les innombrables vestiges historiques, us et coutumes, ainsi que des noms de villages et hameaux, à consonances berbères qui font partie, aujourd'hui, du patrimoine populaire local. La similitude entre les différentes manifestations folkloriques et veillées organisées à Médéa ou dans tout autre région du pays, illustre parfaitement ce lien profond qui unit l'ensemble de ces cultures populaires. Au delà de l'aspect «mystique» qui caractérise souvent ce genre de cérémonial social, principalement au sein des confréries religieuses disséminées à travers les différentes régions de la wilaya, El-Aâm se distingue, néanmoins, en milieu citadin, par ses aspects gastronomiques, symbolisés par des plats traditionnels à base de viande, de poulet et de pâtes confectionnées à la maison, dont la préparation varie d'une région à une autre. Les plus prisés restent, sans conteste, le couscous et la chakhchoukha. Des plats accompagnés, d'habitude, de gâteaux traditionnels, dont les «maâreks» (crêpes à base de semoule), ou encore, «rfiss», mélange de galettes de pain, de semoule et de dattes, qui sont servis accompagnés de café et de thé à la menthe durant toute la durée de la fête. La célébration de Yennayer donne lieu, à Médéa, à une sorte de rituel que les populations pratiquent depuis des lustres. Il s'agit, en l'occurrence, du «baptême» des enfants en bas âge. Le cérémonial en question consiste à regrouper l'ensemble de la fratrie au milieu d'une chambre et de déverser sur leur tête le contenu d'une bourse, en tissu, remplie de treize fruits secs et friandises, communément appelée «treize» ou «djhaâz». Ce rituel est synonyme, selon la tradition orale locale, de voeux de richesse et de prospérité. D'autres familles profitent du Nouvel An amazigh pour fêter la première coupe de cheveux du benjamin de la famille.