Qu'il soit légal ou irrégulier, professionnel ou de crise, le flux migratoire constitue un véritable défi pour lequel les Etats doivent conjuguer leurs efforts et instaurer une politique commune cohérente. C'est dans cette perspective que le centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) a organisé, hier, conjointement avec le ministère des Affaires étrangères, un atelier technique sur le profil migratoire Algérie (PMA). Cette rencontre, dont l'objectif est de penser une politique migratoire nationale, a regroupé des experts nationaux et étrangers et des représentants de différentes institutions. Différentes thématiques ont été échangées sur le profil migratoire, telles que le socle juridique, la migration et le développement, la migration légale et professionnelle, la migration irrégulière et la migration de crise. « En novembre 2013, un comité a été mis en place regroupant tous les acteurs nationaux concernés par les questions migratoires. Il a entrepris sous l'égide du ministère des Affaires étrangères un travail de collecte, de traitement et d'analyse des données et statistiques en vue d'élaborer un profil migratoire national », a indiqué un organisateur. L'objectif final d'un tel projet, réalisé dans le sillage de la participation de l'Algérie au projet Euromed Migration III développé par la Commission européenne, est de « doter les autorités algériennes d'un outil d'évaluation basé sur des données objectives et fiables, avec la participation des institutions et organismes concernés ». « Cet outil d'évaluation est conçu pour être un document dynamique et évolutif, ce qui nécessite à la fois une capitalisation des expériences conduites antérieurement et une actualisation régulière des données ». Pour le sociologue Mohamed Saïb Musette, directeur de recherche au Cread, « cet atelier, premier du genre, constitue une opportunité pour réunir des experts et faire face au défi qui se pose et donner un peu de visibilité afin d'aller vers une politique cohérente ». Selon lui, « il y a une reconnaissance que l'Algérie n'a pas de politique relative à la migration internationale et c'est donc une occasion pour faire connaître le projet en question et donner plus de visibilité au travail réalisé jusqu'ici par le comité international ». Pour ce qui est des motifs de cette migration, le directeur de recherche au Cread, spécialiste de la question migratoire, affirme que le mouvement n'est pas interdit mais il faut le réguler pour qu'il n'y ait pas de dépassements. De ce fait, il a rappelé que la gestion des flux impose un renforcement des mesures sécuritaires mais plus encore la mise en place d'une politique migratoire, avec un volet humanitaire. « L'absence de ce volet fait qu'il y a quelque part une stratégie conjoncturelle, avec la mobilisation de la société civile. Il nous faut une véritable politique migratoire, aussi bien pour l'immigration que pour l'émigration, fondée sur les valeurs de notre société et sur les conventions internationales que l'Algérie a ratifiées », a estimé Mohamed Saïb Musette. Les évènements qui marquent le monde en ce moment et la nouvelle donne dictent d'aller vers une « gestion cohérente et une maîtrise du flux migratoire ». Il est attendu des recommandations en vue d'enrichir le document.