Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, et la ministre française de la Justice, garde des Sceaux, Christiane Taubira, en visite de travail à Alger, ont procédé, hier, à la signature d'un mémorandum d'entente portant sur le renforcement de la coopération juridique. Il s'agit plus d'une convention ayant trait, notamment, à la réforme de la politique pénale, la lutte contre le terrorisme, la prise en charge des mineurs, au renforcement des échanges entre professionnels de la justice et à la poursuite des axes de coopération engagés dans le domaine de la recherche juridique et judiciaire sur le droit comparé et les technologies de l'information et de la communication. Tayeb Louh a souligné, dans son allocution, que cet accord traduit de manière effective la déclaration d'Alger sur l'amitié et la coopération entre la France et l'Algérie, signée le 19 décembre 2012 par les présidents Abdelaziz Bouteflika et François Hollande. « Une déclaration qui marque la volonté des deux pays de renforcer le dialogue politique, à améliorer la coopération bilatérale et à construire une relation nouvelle et sereine, fondée sur l'égalité et la solidarité », souligne Louh, affirmant que la visite de Mme Taubira « constitue une étape essentielle dans l'évolution de ces relations ». Tout en se félicitant de la qualité et la diversité de la coopération entre les deux pays, le ministre de la Justice a exprimé sa compassion aux victimes des attentats ayant secoué dernièrement la capitale de la France. « Devant ces actes criminels que rien ne peut justifier, il était normal et naturel que l'Algérie exprime sa solidarité envers la France, d'autant qu'elle a connu dans les années 90 une vague terroriste d'une rare violence. C'est grâce à l'engagement des institutions républicaines et la mobilisation citoyenne, à la politique de concorde civile et de réconciliation nationale, ainsi qu'aux programmes de développement initiés par le président de la République que les plans de déstabilisation de l'Algérie ont été mis en échec », a affirmé Louh, convaincu « que la lutte contre le terrorisme est désormais tributaire de la solidarité effective et permanente de la communauté internationale ». Selon lui, « une solidarité précaire, de circonstance ou de façade, ne saurait, face à un phénomène sans cesse grandissant, constituer une base solide pour venir à bout du terrorisme et aux menaces qu'il fait peser sur la sécurité, la paix et la stabilité internationales ». Tayeb Louh regrette le fait que souvent des considérations géostratégiques et politiques ou des intérêts économiques prennent le pas sur la volonté réelle d'en finir avec ce phénomène qu'il qualifie de « véritable crime contre l'humanité qu'il convient de combattre avec la plus grande fermeté ». D'où son appel à la constitution d'une solidarité nouvelle et effective pour lutter contre le terrorisme, notamment à travers des actions tendant à tarir ses sources de financement. « Les liens de la France avec l'Algérie sont profonds, intenses, parfois complexes » La ministre française de la Justice, garde des Sceaux, Christiane Taubira, a affirmé que la signature de cette convention permettra de renforcer la coopération institutionnelle et opérationnelle. « Je dis avec beaucoup d'émotion que nous apprécions la solidarité que vous avez exprimée concernant les attentats de Paris. Nous avons été extrêmement sensibles aux paroles exprimées par le président de la République algérienne, adressées au président François Hollande, ayant effectué deux visites en Algérie pour démontrer l'importance qu'il accorde à la qualité des relations entre les deux pays. Par la signature de la déclaration d'Alger, les deux chefs d'Etat ont fixé le cadre général dans lequel les deux gouvernements doivent agir et intervenir. L'Algérie s'est montrée extrêmement attentive, active et efficace aux côtés de la France au sein des institutions multilatérales et celles des Nations unies. Il est arrivé fréquemment que l'Algérie soit aux côtés de la France », reconnaît-elle, tout en mettant en avant les efforts consentis par l'Algérie concernant la situation qui prévaut au Mali et ce en « tant que partenaire essentiel et déterminant dans la région ». La ministre française a souligné que les « liens entre la France et l'Algérie sont profonds, intenses, parfois complexes, car l'histoire laisse dans son sillage des souvenirs et des résurgences, mais elle laisse aussi la profondeur et la qualité de la relation ». Mme Taubira souligne que l'épine dorsale de l'Etat de droit et de la démocratie c'est l'autorité judiciaire. Il lui revient de montrer son impartialité et son indépendance. Dans ce contexte, elle évoque le sujet de la lutte contre le terrorisme, phénomène auquel l'Algérie fait face pendant une longue décennie. « Je sais que pendant ces années, vous avez eu le sentiment d'être seul et abandonné, d'être peu compris. Nous savons que parfois les cicatrices saignent plus encore que les plaies. Nous percevons bien que la société algérienne a développé des réflexes de vigilance extrême pour éviter le retour de ces années terribles. Le peuple algérien en est sorti plus fort encore, c'est pour cela qu'il a la capacité de regarder l'avenir avec confiance », dira-t-elle, ajoutant que la France envisage de continuer à travailler avec l'Algérie pour profiter de son expérience en termes de lutte antiterroriste, en vue de « construire ensemble des réponses nouvelles à un phénomène qui adopte de méthodes nouvelles ». Il faudrait, selon elle, gagner la bataille en « étranglant » ce terrorisme, notamment par le tarissement de ses moyens financiers pour redonner confiance à la jeunesse des deux pays.