L'homme de culture et journaliste Tahar Benaïcha est décédé, samedi dernier, à son domicile de Douéra. Agé de 90 ans, il s'est éteint des suites d'une longue maladie, selon sa famille. Le défunt a été hospitalisé depuis une vingtaine de jours à l'hôpital de cette localité de la banlieue ouest d'Alger. Il est décédé vers 22h, a-t-on précisé de même source. L'enterrement aura lieu aujourd'hui dans la ville de Guemmar, dans la wilaya d'El Oued où il a vu le jour en 1925.Agitateur d'idées et polémiste recherché par les médias, l'homme à la voix rauque avait un faible pour la poésie et l'histoire. Il a d'ailleurs donné à ses enfants des noms ancrés dans celles-ci. Zouheir, son fils, ressuscite ainsi El Balaoui, l'homme qui avait tué la Kahina. Cette confession lui avait valu d'ailleurs une ultime polémique, il y a quelques années. Benaïcha a commencé à publier ses écrits dans les journaux tunisiens « Ennahda » et « Ezzahra ». Il avait vécu une partie de sa jeunesse dans ce pays où il fit un bref passage par la Zitouna. De retour à la fin des années 1940 dans sa région natale, il crée une troupe théâtrale et s'implique dans l'activité politique du PPA et publie dans les journaux du parti. Il passera la guerre de nouveau en Tunisie avant de retrouver le pays. Longtemps, l'homme avait affiché, sous le régime de Ben Bella puis de Boumediène, ses idées qui lui valurent une surveillance. La chronique de ses « déboires » faisait toujours sourire, comme ses multiples anecdotes glanées d'une vie d'errance et d'instabilité. C'est une figure attachante que perd la scène culturelle. L'homme nourri dans sa jeunesse des idéaux de gauche n'a pas renié son combat pour les travailleurs et son aversion pour ce qu'il désignait toujours comme « bourgeoisie ». Il était réputé pour ses coups de gueule, ses répliques cinglantes, semblable en cela à « Momo » dont la seule présence et les interventions pimentaient une assemblée. Comme ce jour où il proclama que le seul homme qui comme lui portait le prénom de sa mère était.... Aïssa Ibn Meriem (Jésus). Dans les années 1980, Il s'était rendu surtout célèbre grâce à une série documentaire diffusée par la RTA. Il avait sillonné des contrées de l'Asie centrale et de l'Afrique pour évoquer cet Islam des marges et des splendeurs, alors méconnu. Son succès avait fait oublier « Le coin du travailleur », « Fenêtre sur l'Afrique » qu'il avait animées auparavant.