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La chute de Ben Ali ou de Sidi Bouzid à Djeddah
Publié dans Horizons le 15 - 01 - 2011


Zine El-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis le 7 novembre 1987, n'est plus le président de la République tunisienne. Il est depuis hier en compagnie de six membres de sa famille dont Leila, son épouse, à Djeddah, en Arabie saoudite, où ils resteront pour une durée indéterminée, «en considération pour les circonstances exceptionnelles que traverse le peuple tunisien», explique un communiqué du palais royal cité par l'agence officielle saoudienne SPA. La France et l'Italie ont refusé de lui accorder un refuge. Toutes les mesures qu'il a prises depuis jeudi dernier pour désamorcer une crise née un certain 17 décembre 2010 - Mohamed Bouazizi, un jeune marchand de rue, devenu symbole de la révolution de «jasmin» s'est, ce jour-là, immolé à Sidi Bouzid- n'ont pas eu d'effet. Même le limogeage du gouvernement, l'appel à la tenue des législatives anticipées dans six mois, la proclamation d'un couvre-feu puis d'un état d'urgence dans tout le pays et son engagement à libérer le champ politique et médiatique et à ne pas briguer un nouveau mandat présidentiel, ont été vaines. Les Tunisiens qui étaient de plus en plus nombreux dans la rue, ont hissé vendredi d'un cran leurs revendications. Ils ont demandé son départ. Chose qu'ils obtiendront quelques heures plus tard en apprenant par la voix du Premier ministre que leur président quitte et le pouvoir et la Tunisie. Depuis hier, c'est Foued Mebazaa, le président du Parlement, qui assure l'intérim. La nomination vendredi soir du Premier ministre Mohamed Ghannouchi, 69 ans, comme «intérimaire», conformément à l'article 56 de la Constitution, n'a pas fait long feu. Cette «promotion» qui ne coupait pas la route du retour à Ben Ali a été contestée par des juristes, l'opposition et …. la rue. Autrement dit, une élection présidentielle se tiendra dans les 60 jours. Selon Foued Mebazaa, ce scrutin anticipé sera être ouvert, transparent et démocratique, une première depuis l'indépendance du pays en 1956. En attendant cette élection, les Tunisiens s'interrogent sur l'après-Ben Ali. Comme la réaction de ses policiers et de ses partisans. Certains n'excluent pas de les voir envoyer, en dépit du couvre-feu, des «individus camouflés» pour piller des biens publics et privés ou mettre le feu dans des prisons pour permettre des évasions. «C'est une grande victoire du peuple, mais il ne s'agit que de la première manche de la bataille», affirme Olfa Lamloum, une chercheuse à l'Institut français du Proche-Orient de Beyrouth, mettant en garde les Tunisiens sur la possibilité de «l'appareil sécuritaire mis en place pendant 23 ans» de manœuvrer. Comme envoyer des «individus camouflés» et des «bandes de casseurs» pour piller des biens publics et privés ou mettre le feu dans des prisons pour permettre des évasions (au moins 42 prisonniers ont péri hier dans l'incendie d'une prison de Monastir, dans le centre-est de la Tunisie). Le président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme, Mokhtar Trifi, soupçonne les commanditaires de ces «groupes» de chercher à «discréditer» le mouvement et détruire des preuves qui pourraient les inculper dans la Tunisie post-Ben Ali. Selon des analystes, le départ du mari de Leila pourrait s'avérer vite comme «insuffisant» s'il n'est pas suivi d'un nettoyage massif de l'administration prise en otage par le Rassemblement constitutionnel démocratique.

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