Mountazer al-Zaïdi, le journaliste irakien qui a lancé, le 14 décembre 2008, devant les caméras du monde entier, ses chaussures contre George W. Bush, le président américain retrouvera aujourd'hui sa liberté, après neuf mois d'incarcération. Mountazer al-Zaïdi, qui a lancé, lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki à Bagdad et crié «c'est le baiser de l'adieu, espèce de chien» et «c'est pour les veuves et les orphelins et tous ceux tués en Irak», retrouvera aujourd'hui sa liberté, après neuf mois d'incarcération. Condamné le 12 mars dernier à trois ans de prison pour «agression contre un chef d'Etat étranger lors d'une visite officielle», par la Cour criminelle centrale d'Irak, et détenu dans une prison de la «zone verte», le secteur sécurisé, sa peine a été réduite, après un appel du jugement, à un an par la Cour d'appel de Bagdad. «L'équipe de défense a présenté la demande de libération à la Cour centrale criminelle irakienne, qui a remis un ordre de libération à l'administration pénitentiaire», affirmait, hier, Dia al-Saâdi, son avocat, ajoutant que toutes «les conditions légales sont remplies». Célébré en héros dans les pays arabes et musulmans- des manifestations de soutien ont été organisées lors de son jugement en mars- l'avenir du reporter d'al-Baghdadia, une petite télévision privée locale, semble assuré. Des chefs d'Etat lui ont promis des cadeaux et des décorations. L'émir du Qatar lui a promis un cheval en or, le leader libyen souhaite le décorer de «l'ordre du courage». Son employeur, al-Baghdadia, lui a offert un nouvel appartement moderne et spacieux dans l'espoir de le dissuader de ne pas répondre aux propositions d'emploi des chaînes libanaises et égyptiennes. Selon son frère, tout au long de sa détention, les coups de téléphone de pères prêts à marier leur fille au journaliste célibataire n'ont pas cessé tout comme les propositions de groupes politiques irakiens pour qu'il entre en politique. Deux projets qui ne seraient pas d'actualité pour le journaliste. Outre la création d'un centre pour les orphelins et les veuves avec l'argent promis, il aurait refusé d'entrer en politique pour «empêcher ceux qui souhaiteraient spolier les Irakiens de leurs droits». Les opposants à l'occupation américaine comptent «fructifier» le geste de l'Irakien qui a été vu et revu sur les télévisions de tous les continents, regardé par des millions de personnes sur Youtube, adapté en jeux vidéo sur Internet, commémoré sur Facebook. «Sa libération sera une grande victoire pour toutes les personnes opposées à l'occupation», explique Salah al-Obeidi, le porte-parole du mouvement anti-occupation du chef radical Moqtada Sadr, une position en porte à faux avec celle des «officiels» à Bagdad qui ont condamné le geste car «contraire aux traditions d'accueil et d'hospitalité irakiennes». «Cet homme porte atteinte à la réputation des journalistes irakiens et à la presse irakienne en général», avait dit le Premier ministre Nouri Al Maliki.