L'Europe déroule le tapis rouge au président Rohani qui effectue une visite officielle en France, après un passage remarqué à Rome et au Vatican. L'Iran, redevenu plus fréquentable, amorce un retour tonitruant porteur de volonté de dépassement de l'ère de l'embargo. Sur la place des Invalides, les honneurs rendus à l'invité de marque, en présence du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, connu pour être l'un des plus farouches adversaires lors de l'épreuve décisive du nucléaire, atteste du réchauffement des relations politiques. « C'est un nouveau chapitre de nos relations qui s'ouvre aujourd'hui », a assuré, lors d'une conférence de presse commune, le président français. « Oublions les rancœurs », avait déclaré dans la matinée Rohani, en appelant à une « relation nouvelle » et à profiter de « l'atmosphère positive » suscitée par la levée des sanctions contre son pays pour donner « un nouvel élan » aux relations bilatérales. A la tête d'une délégation composée d'une dizaine de ministres et de quelque 120 membres de la communauté des affaires, le président iranien part à la recherche d'investissements pour stimuler une croissance en souffrance. La diplomatie efficace des affaires prend le relais pour tenter d'immuniser le retour gagnant de l'Iran sur la scène internationale. En Italie, une quinzaine d'accords d'un montant de 15 à 17 milliards d'euros ont été signés. Les portes s'ouvrent désormais aux entreprises françaises invitées à rattraper les parts de marché perdues. Le flux d'exportation vers l'Iran est passé de 3,7 milliards d'euros, en 2000, à 550 millions actuellement. PSA Peugeot-Citroën et, surtout, son rival Renault continuant, bon an mal an, à exporter des pièces pour assembler la version locale de la Logan, Total maintenait également une présence symbolique, BNP Paribas pointe le bout du nez. L'embellie franco-iranienne se dope des promesses de contrats juteux pour l'achat de 100 Airbus, la construction de terminaux aéroportuaires, dont l'aéroport Imam-Khomeyni de Téhéran, le renforcement du partenariat entre les deux fers de lance de l'automobile, Renault et PSA, avec le groupe local Iran Khodro produisant plus de 200.000 véhicules/an, le développement de l'agriculture, du secteur hospitalier et de la pharmacie représentant un tiers des exportations directes françaises. Cette « relation nouvelle », prônée par le président iranien lors d'une rencontre organisée au Medef, en présence du Premier ministre Manuel Valls, s'appuie sur le rôle central que joue l'Iran dans la région. Pure coïncidence : la visite de Rohani à Paris a pris fin au moment même où les négociations de paix sur la Syrie s'ouvrent à Genève.