Le président iranien Hassan Rohani se rend en Italie et en France à partir de demain, sa première visite officielle en Europe qui survient après la fin de l'isolement de l'Iran avec l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire et la levée des sanctions. M. Rohani, qui sera dans ces deux pays du 25 au 27 janvier, devait effectuer ce voyage en novembre 2015, mais il avait dû l'annuler à la suite des attentats djihadistes meurtriers de Paris le 13 novembre. Cette visite intervient dans un contexte favorable à l'Iran qui peut désormais relancer ses relations économiques avec l'Italie et la France, ses principaux partenaires économiques avant le renforcement des sanctions internationales en 2012 pour obliger Téhéran à limiter son programme nucléaire. A la tête d'une importante délégation politique et d'hommes d'affaires, M. Rohani aura lundi un déjeuner de travail avec le président italien Sergio Mattarella avant de rencontrer le Premier ministre Matteo Renzi et de prononcer un discours devant un forum économique. Ce modéré qui prône une ouverture politique, économique et sociale, rencontrera également le pape François. La dernière visite d'un président iranien au Vatican a été effectuée en 1999 par l'ex-président réformateur Mohammad Khatami. L'Italie était le premier partenaire économique de l'Iran en Europe avant 2012 et leurs échanges commerciaux s'élevaient à sept milliards d'euros avant de tomber à 1,2 milliard. Les industriels italiens attendent beaucoup de la levée des sanctions économiques qui ont asphyxié l'économie de l'Iran, pays membre de l'Opep qui détient les quatrièmes réserves de brut au monde et les deuxièmes de gaz.
Voitures, avions Le vice-ministre italien du Développement économique, Carlo Calenda, avait conduit fin novembre à Téhéran une délégation de représentants de 178 entreprises, de 20 associations entrepreneuriales et 12 groupes bancaires. Après l'Italie, M. Rohani ira en France pour s'entretenir avec son homologue François Hollande, alors que Paris espère elle aussi revenir en force en Iran. Les constructeurs automobiles Renault et Peugeot étaient des partenaires privilégiés de l'Iran et contrôlaient plus de 30% du marché automobile, aujourd'hui en pleine expansion. Ils espèrent retrouver une partie de la place perdue, mais doivent faire face à la concurrence des constructeurs allemands, sud-coréens, chinois ou encore japonais. L'Iran construit actuellement plus 1,1 million de véhicules mais veut en produire 1,6 million en 2016 puis 3 millions, en collaboration avec des fabricants européens et asiatiques. Nous allons discuter à propos de Peugeot lors de la visite. Il faut voir quelle sera l'attitude de la partie française et ensuite nous déciderons de la signature d'un accord, selon les Affaires étrangères iraniennes. Une importante délégation économique française de 150 entrepreneurs s'est rendue en Iran en septembre pour y reprendre pied, deux mois après la signature en juillet de l'accord nucléaire qui vise à garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien. Des discussions sont également en cours pour acheter des Airbus afin de moderniser la flotte civile iranienne qui a souffert de plus de 36 ans de sanctions américaines.
'La confiance, ça se construit' Les conflits et crises au Proche-Orient vont aussi dominer les discussions de M. Rohani, dont le pays chiite est un poids lourd de la région avec le rival saoudien sunnite. M. Hollande a estimé que le retour de l'Iran sur la scène internationale était désormais possible. Il a appelé à la désescalade entre l'Iran et l'Arabie saoudite qui ont rompu leurs relations diplomatiques début janvier après l'exécution d'un dignitaire chiite par Ryad et le saccage de l'ambassade saoudienne à Téhéran. Ryad, allié de longue date des Occidentaux, et Téhéran, qui était encore il y a quelques mois au ban des nations, s'affrontent par conflits interposés en Syrie et au Yémen notamment. Longtemps opposés à un rôle de l'Iran dans un règlement en Syrie, la France et les Etats-Unis ont fini par inviter Téhéran aux négociations de Vienne en novembre 2015. Mais leurs positions restent toujours éloignées, l'Iran soutenant le régime de Bachar al-Assad. La confiance, ça se construit (...) Sur ce dossier spécifique du nucléaire, la relation est plus détendue. Pas sur les autres. Il n'y a pas de changement de ligne iranienne pour le moment sur les sujets régionaux, a estimé une source diplomatique française. Mais la visite de Rohani, c'est quand même l'idée d'ouvrir une page nouvelle.
Achat de 114 Airbus L'Iran va signer un contrat pour l'achat de 114 avions Airbus lors de la visite du président Hassan Rohani en France, prévue le 27 janvier, a déclaré le ministre iranien des Transports Abbas Akhoundi, cité hier par les médias iraniens. Lors de la visite en France du président, le contrat pour l'achat de 114 Airbus sera signé, a affirmé M. Akhoundi, sans toutefois préciser le modèle des avions, le montant et la durée du contrat. Il s'agit de la première annonce commerciale d'envergure depuis la levée des sanctions internationales le 16 février à la suite de l'entrée en vigueur de l'accord sur le nucléaire iranien avec les grandes puissances. Nous avons besoin de 400 avions long et moyen-courrier et de 100 avions court courrier, a ajouté le ministre des Transports. L'Iran possède actuellement 256 avions dont 150 sont opérationnels actuellement (...) et avec une moyenne d'âge d'environ 20 ans, a précisé M. Akhoundi. M. Akhoundi a précisé que pour l'instant aucune négociation n'avait été menée avec la compagnie américaine Boeing à cause des problèmes qui existent pour négocier avec les Etats-Unis. Selon la télévision d'Etat, le Trésor américain n'a pas encore autorisé des négociations entre Boeing et les compagnies iraniennes. Mais nous allons certainement négocier avec Boeing, a précisé M. Akhoundi. Il a par ailleurs ajouté que les systèmes de navigation des aéroports iraniens avaient besoin de 250 millions de dollars d'investissements pour être modernisés. Par ailleurs, toujours dans le domaine des transports, M. Akhoundi a annoncé la signature d'un contrat d'un montant de 2 milliards de dollars avec la Chine pour électrifier le chemin de fer entre Téhéran et Machhad (nord-est), la seconde ville du pays distante de 1 000 kilomètres de la capitale.