Aux dernières nouvelles, l'hyène rayée, espèce emblématique et longtemps perdue de vue dans les forêts de Tipasa, a refait surface, plutôt revenue au bercail. En tout cas, c'est ce qu'atteste une source des services des forêts. Le retour timide de cette espèce protégée, dont aucun indice de présence n'a été signalé depuis 1994, est tout bonnement de bon augure pour les amoureux de la nature. Cela dit et comme dit le proverbe, l'hirondelle ne fait pas le printemps. L'empiétement sur le domaine forestier et les incendies ont fini, à la longue, par réduire les populations de certaines espèces faunistiques, au point où il est devenu difficile de croiser ou bien de contempler leur présence à la lisière des bois. Ce constat n'est malheureusement pas une appréciation d'un profane en la matière, mais une réalité que reflètent les conclusions des observations des forestiers. « Des oiseaux et des animaux en général, inclus dans la liste des espèces protégées en vertu du décret 83-509 en date du 20 août 1983 et par arrêté du 17 janvier 1995, ont vu ces dernières années leurs populations se réduire, du moins fuir des parcelles forestières naguère leur appartenant », confie Mokrani Amel, conservateur divisionnaire au niveau de la Conservation des forêts à Tipasa. Parmi les oiseaux protégés et qu'on en voit plus souvent, voire que rarement, à Tipasa, on cite l'aigle de Bonelli, la chouette hulotte, l'épervier d'Europe, les faucons crécerelle et pèlerin ainsi que le crave à bec rouge. Même le chardonneret élégant a vu sa population décliner à cause du braconnage. Le règne animal à Tipasa, dont le biotope est mis, pour ainsi dire, à rude épreuve par l'action anthropique et les feux de forêt, tente tant bien que mal de se perpétuer, tout en cédant à chaque fois des proportions de son habitat naturel. En effet, le défrichement du domaine forestier, l'extension de la surface agricole au détriment de la forêt et les incendies épisodiques qui dévastent peu à peu le couvert végétal de la région ont eu comme corolaire le repli, voire la migration de certaines espèces animales vers des endroits plus cléments. La mangouste et la genette ont battu en retraite, fuyant, pour ainsi dire, un combat perdu d'avance avec le plus grand prédateur de la planète qu'est l'homme. Même leurs empreintes sont absentes dans certains bosquets. Idem pour le porc épic et le hérisson. En revanche, on assiste, selon la même responsable, à une prolifération nuisible du sanglier qui s'aventure régulièrement dans les périmètres agricoles, causant des dégâts aux cultures. A ce propos, certains fellahs se sont plaints de ce fléau. « Pour réguler la population des sangliers, nous avons organisé des battues administratives en collaboration avec l'association des chasseurs El Moustaqbal. Cette action a été entreprise pour réduire les nuisances de cette espèce, notamment sur les cultures », souligne Mokrani Amel à ce propos. Sans l'aide de l'homme, la faune et la flore ne peuvent perpétuer leur règne et seront à la longue condamnées à disparaître. « Ce n'est que lorsque le dernier arbre sera coupé, la dernière rivière polluée, le dernier poisson péché que l'on découvrira que l'argent n'est pas comestible », conclut Mokrani en citant ce proverbe chinois en guise d'appel pour une implication citoyenne dans la préservation de la forêt et l'environnement en général. Un engagement qui commence par le respect et l'observance de certaines mesures et consignes simples mais combien salvatrices pour dame nature.