L'auteur, compositeur, chanteur et interprète d'expression kabyle, Mohand Rachid, de son vrai nom Si Mohand Mohand Al Rachid, est décédé, samedi dernier, au quartier des Halles (Belcourt) à l'âge de 77 ans. Né le 12 février 1939 à La Casbah d'Alger, Mohand Rachid, originaire d'Azazga (Tizi Ouzou), est considéré comme une référence dans la chanson et musique kabyles et le chaâbi. L'auteur de « Ayiflahen ikerzen » (ô paysans qui tracent des sillons), écrite et composée par Kamel Hamadi, et « Ouardia », était producteur et animateur à la radio algérienne. La première chanson, véritable hymne au travail de la terre, était la plus connue de son répertoire. Il a animé, durant quelques mois, avec la chanteuse Drifa, l'émission « Ichenayen uzka » (les talents de demain) diffusée sur les ondes de la Chaîne II. A la Chaîne I, il était animateur d'une émission consacrée à la musique chaâbi et au patrimoine dont il connaissait et récitait maintes qacidate. Sans atteindre une grande notoriété, durant les années 60, l'homme était assez connu pour ses chants sur le vécu quotidien comme dans « Mahqur willan Dhazaouli » (Malheur au pauvre) ou d'autres à caractères moral et religieux. Jusqu'au milieu des années 70, il faisait quelques apparitions sur scène avant de s'éclipser totalement. Quand on entre chez lui, on découvre la passion de l'homme pour la guerre de Libération, la musique chaabi et, un peu moins, kabyle. Il possédait des paquets d'archives. Dans le fouillis, il pouvait tantôt tirer une photo sépia jaunie tantôt une lettre manuscrite de tel ou tel artiste. Il aimait raconter à ses visiteurs qu'il détenait la dernière carte d'identité de Hadj M'hamed El Anka ou qu'il pouvait leur faire écouter un enregistrement inédit du général De Gaulle. « Au début de l'indépendance, je ramassais toutes ces pièces dans les rues de La Casbah ou ailleurs », disait-il parfois d'un ton aigri. Il en voulait quelque peu à tous ceux qui venaient chez lui pour un renseignement, un document mais s'attribuaient ensuite toute la gloire. C'est un véritable trésor qu'il détenait chez lui. L'enterrement a eu lieu, hier, au cimetière d'El Kettar, à Alger.