Mohamed Rachid, le chanteur qui a consacré sa vie au chaâbi et à la chanson kabyle, est décédé ce samedi 27 février 2016 à l'âge de 77 ans. L'artiste était connu pour avoir toujours ouvert la porte de son appartement, situé à quelques dizaines de mètres de la maison de la presse Tahar-Djaout à Alger. Mohamed Rachid qui vient de nous quitter n'a jamais cessé d'aider les jeunes chanteurs en mettant à leur disposition les beaux textes des grands poètes tels Sidi Lakhdar Benkhlouf, Ben M'saib, El Meghraoui, etc. En plus d'être chanteur, Mohamed Rachid était un collectionneur mais aussi le véritable biographe du maître de la chanson chaâbi, El Hadj M'hammed El Anka. Très modeste, Mohamed Rachid qui était au devant de la scène dans les années 1960 avec des grands succès tels que Eh Ya Madame Serbi Letey ne parlait pratiquement jamais de lui mais plutôt de son entourage, notamment d'El Anka. Il était sûrement l'homme le mieux placé pour parler du pionnier du chaâbi. Bien qu'il était un talentueux chanteur, il a consacré la plus grande partie de sa vie à collectionner des manuscrits, des photos et des documents sur Hadj M'hammed El Anka, Ferhat Abbas et De Gaule. Elève du guitariste Moh Sghir Lâma, il gardait pratiquement tout ce qui concernait le monde des artistes. On pouvait trouver chez lui, un ticket de bus utilisé par le maître du chaâbi au début des années 1940. Mohamed Rachid précisait même qu'il l'avait utilisé entre Basset El âoud (place des martyrs) et St Eugène (Bologhine). Un véritable archiviste L'homme pouvait vous parler pendant des heures de Hadj M'hammed El Anka sans se fatiguer. Il était capable en deux minutes, de sortir de ses archives la convocation du maître pour le service militaire ou sa carte d'identité, tout en précisant que les enfants du maître n'ont même pas la copie de ce document. Mohamed Rachid qui avait obtenu un grand succès dans les années 1960 en se lançant dans une carrière de chanteur kabyle et de chaabi, passait son temps à aider les jeunes et les moins jeunes voulant embrasser une carrière dans le style chaâbi. Ses archives étaient très riches. On pouvait y trouver des documents rares ou des photos de personnalités telles que Cheikh Benzekri ou Bensmaya. Il possédait des photos inédites d'El Anka, M'rizek, H'sen El Annabi ainsi que des disques très rares de Said Bestandji (Hassan Badri) et des enregistrements de El Anka, de Ferhat Abbas et même de De Gaulle. Une mémoire exceptionnelle Tout comme El Anka, l'homme doté d'une mémoire exceptionnelle, possédait une très riche collection de disques en vinyl (45 et 78 tours), des enregistrements de toutes sortes notamment d'entretiens rares. Ce spécialiste de la chanson chaâbi n'était malheureusement pas sollicité sérieusement par les organismes culturels. C'est-à-dire qu'on n'a jamais tenté de lui demander des photos ou des enregistrements contre une rémunération. Mohamed Rachid aurait décidé à certains moments de colère de brûler toutes ses archives. Mohamed Rachid, de son vrai nom Si Mohand Mohand Al Rachid, est né le 12 février 1939 à La Casbah d'Alger. Il faut rappeler que mis à part ses chansons à succès telles que Ouardia (en kabyle), Mohamed Rachid, qui animait dans les années 1960-1970 des soirées chaâbi a produit et animé des émissions sur les chaînes kabyles et arabe. L'enterrement a eu lieu hier au cimetière d'El Kettar à Alger. Il y a quelques années, on avait écrit dans un article que cet artiste méritait qu'on lui rende hommage. Il est dommage que notre appel n'ait pas été entendu. Mohamed Rachid est parti. Il n'aura droit qu'à un hommage à titre posthume comme beaucoup d'autres artistes. Dommage.