Pour la première fois depuis l'entrée en vigueur de la trêve, un convoi d'aide a pris la direction de Mouadamiyat al-Cham, située au sud-ouest de Damas et encerclée par l'armée syrienne. L'ONU prévoit de faire parvenir dans les prochains jours de l'aide à plus de 150.000 personnes vivant dans des localités syriennes assiégées. C'est la première fois qu'une aide est livrée depuis le début de la trêve mais l'ONU avait déjà envoyé des aides à deux reprises à cette ville en février, ainsi qu'à d'autres localités. La privation forcée de nourriture pourrait avoir fait des milliers de morts dans ces zones, selon le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme. Par ailleurs, des bombardements et des tirs limités ont entaché le troisième jour du cessez-le-feu mis en place par un accord russo-américain. La complexité de son application réside dans le fait qu'Al-Nosra, exclu de l'accord, est allié avec les groups terroristes dans plusieurs régions de Syrie. A l'aube, ces derniers ont tiré des roquettes sur la partie gouvernementale de la ville d'Alep et des avions russes ont bombardé une localité dans le sud de Hama, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dix frappes aériennes ont par ailleurs touché la partie de la ville de Deir Ezzor (est) contrôlée par le groupe terroriste Daech , d'après l'OSDH qui n'a pu fournir de bilan. La Russie et les Etats-Unis se sont montrés prudemment optimistes sur l'avenir de cette cessation des hostilités, globalement respectée malgré des accusations mutuelles de violations exprimées dimanche dernier par certaines parties au conflit. « Les mesures principales ont été prises, le processus est en cours. Mais on savait à l'avance que cela ne serait pas facile », a déclaré hier le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Nous savons que les obstacles sont nombreux », avait reconnu la veille un haut responsable américain. « Mais c'est vraiment dans notre intérêt, et surtout dans l'intérêt du peuple syrien, de donner une chance à ce processus. » « On est sorti jouer » Dans les grandes villes de Syrie, les habitants sont sortis dans les rues dimanche dernier après une nuit paisible pour faire leurs emplettes, goûtant un calme inhabituel. Dans les quartiers rebelles d'Alep, la grande ville du nord, les élèves, habitués à raser les murs pour éviter les bombardements, marchaient au milieu de la chaussée. « Nos professeurs nous interdisaient avant d'aller dans la cour en raison des bombardements aériens mais aujourd'hui on est sorti jouer », affirme Ranim, une écolière de 10 ans dans le quartier rebelle de Boustane al-Qasr à Alep. Et le calme était total aux abords de Damas, alors que les rues de la capitale étaient très animées. Initié par la Russie et les Etats-Unis et soutenu par l'ONU, l'accord de cessation des hostilités est le premier de ce genre en cinq ans d'une guerre qui a fait 270.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés.