Sous prétexte d'une menace nord-coréenne d'attaque nucléaire, les forces sud-coréennes et américaines s'adonnent à une démonstration de force sur la péninsule coréenne. Elles ont entamé, hier, les plus importantes manœuvres conjointes jamais organisées dans la région. Pyongyang avait, rappelons-le, menacé récemment le pays voisin et son allié les Etats-Unis de procéder à des frappes nucléaires si ces derniers maintenaient leurs manœuvres nucléaires communes. Ce qui « justifie » d'ailleurs la « riposte » de Séoul et « l'ingérence » de Washington que les deux pays qualifient de démarche défensive. Alors que Pyongyang accuse ces manœuvres annuelles d'être « un exercice de guerre nucléaire à visage découvert ». Baptisées « Key Resolve » et « Foal Eagle », ces opérations d'une durée de deux mois sont cette année d'une envergure jamais vue en Corée du Sud, avec 15.000 soldats américains, soit quatre fois plus qu'en 2015. Environ 300.000 militaires sud-coréens sont également mobilisés, de même que des éléments clés de l'armée américaine, parmi lesquels une brigade de combat et une escadre emmenée par un porte-avions et des sous-marins à propulsion nucléaire. C'est dire le déploiement des forces armées des deux pays, les Etats-Unis en particulier, qui ne parviennent pas à dissimuler leur crainte face à Pyongyang. Surtout après le tir, en janvier dernier, d'une nouvelle fusée nord-coréenne. La Chine, protecteur traditionnel de la Corée du Nord, s'est fermement opposée à ce déploiement. Elle le considère comme une menace pour sa propre dissuasion nucléaire. Soumise depuis 2006 à une panoplie de sanctions suite à ses essais nucléaires, la Corée du Nord risque de subir de fortes pressions sur le plan économique. Et ce, à la faveur des démarches diplomatiques qu'entreprennent, au sein de l'ONU, les dirigeants de la Corée du Sud, des Etats-Unis et du Japon pour accentuer les sanctions contre Pyongyang. Faut-il rappeler que la nouvelle résolution de sanction du Conseil de sécurité constitue, à elle seule, une pression économique. La Corée du Sud annoncera, aujourd'hui, de nouvelles sanctions renforcées contre Pyongyang. En guise de représailles, elle envisage de serrer l'étau sur ce pays. Mais la Corée du Nord ne compte pas céder à la menace. Elle se dit prête à une contre-offensive totale. Pyongyang considère les manœuvres militaires conjointes comme « des exercices de guerre nucléaire non dissimulés visant à porter atteinte à sa souveraineté » .