Le chef de la mission du FMI, Jean François Dauphin, en visite en Algérie pour évaluer la situation économique nationale, a fait savoir, dans son rapport, que notre pays est confronté à d'importants défis suite à la chute des cours du pétrole tout en saluant les réformes engagées pour y faire face. « Les marges budgétaires et extérieures accumulées offrent la possibilité de mener ces réformes de manière progressive et amortir les effets de l'ajustement. Cette opportunité de refonder le modèle de croissance algérien doit être saisie dès maintenant, avant qu'un ajustement plus rapide ne devienne inévitable », signale Dauphin dans son rapport. Il estime que, jusque-là, l'impact du choc des prix du pétrole sur la croissance a été limité. Toutefois, selon lui, les soldes budgétaires et extérieures se sont considérablement détériorées. « La croissance du PIB réel est de 3,7% en 2015, dont un solide de 05% pour le secteur hors hydrocarbures. L'inflation a augmenté de 04,8% et le déficit budgétaire a presque doublé à 16% du PIB l'an dernier. Et ce, en raison d'un niveau sensiblement inférieur de recettes d'hydrocarbures », indique-t-il. Même si, toujours selon cette mission, la chute des exportations d'hydrocarbures de près de la moitié en 2015 a provoqué un net creusement du déficit courant, les réserves se maintiennent à un niveau élevé. « Ces réserves ont diminué de 35 milliards de dollars en 2015, pour s'établir à 143 milliards de dollars contre de 194 milliards de dollars en 2013. En 2016, la croissance et l'inflation devraient ralentir en raison des effets de l'assainissement budgétaire opéré sur l'activité hors hydrocarbures », constate-t-il. Le FMI appelle à améliorer le climat des affaires et à donner plus de souplesse au marché du travail et à mieux aligner les compétences produites par le système éducatif sur les besoins du secteur privé. La mission du FMI a noté que « les restrictions aux importations apportent peut-être un répit provisoire mais elles provoquent des distorsions et ne sauraient se substituer aux réformes destinées à doper les exportations ». La mission a mis en exergue, par ailleurs, les efforts de la Banque d'Algérie pour réintroduire ses instruments de refinancement. « Surtout que le repli des cours du pétrole contribue à assécher les liquidités excédentaires dans le système bancaire. La Banque d'Algérie devrait calibrer avec prudence sa politique monétaire pour prévenir d'éventuelles tensions inflationnistes », relève-t-elle. Tout en estimant que le secteur bancaire est, dans son ensemble, bien capitalisé et rentable. Néanmoins, le rapport prévient contre la persistance des faibles prix du pétrole qui pourrait accroître les risques. « La Banque d'Algérie devrait poursuivre sa transition vers un dispositif de supervision basé sur les risques, étoffer le rôle de la politique macroprudentielle et renforcer la gouvernance des banques publiques », souligne la mission dans son rapport.