L'Algérie doit mener une politique macro économique «prudente» et engager des «réformes structurelles» dans le secteur des exportations, a déclaré, à Alger, le conseiller au département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI mais aussi chef de la mission du FMI en Algérie, Zeine Zeidane. Ce dernier, qui s'exprimait à l'issue d'une rencontre avec le ministre du Commerce, Amara Benyounès, soutient qu'il y a deux types de politiques qu'il faut conduire dans cette conjoncture de baisse des prix du pétrole, à savoir une politique macroéconomique prudente «qui permet de réduire, d'une part, la demande intérieure et d'assurer, plus particulièrement, la consolidation budgétaire et, d'une autre part, d'améliorer la compétitivité extérieure du pays et d'éviter que le taux de change soit surévalué ». « Ces politiques permettent de réduire la demande d'importations et de renforcer la compétitivité externe de l'offre intérieure algérienne», a indiqué le représentant du FMI qui souligne que la deuxième politique consiste à mettre en place » des réformes structurelles qui permettent de diversifier le secteur des exportations et de le rendre beaucoup plus compétitif». La chute du prix du pétrole a, semble-t-il, faussé tous les calculs, y compris du FMI qui était plus au moins serein quant à la situation macroéconomique du pays en dépit de la sonnette d'alarme tirée par de nombreux experts et économistes algériens. Il y a lieu de rappeler que dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales publié en mai dernier, le FMI avait indiqué que le taux de croissance du PIB hors hydrocarbures de l'Algérie devrait atteindre 4,8% en 2015 et 4,4% en 2016 (contre 5,1% en 2014). Pour le PIB global de l'Algérie, le FMI prévoyait un taux de 2,6% en 2015 et de 3,9% en 2016 (contre 4,1% en 2014). Le PIB nominal de l'Algérie est estimé à 187,2 milliards de dollars pour 2015 et à 197,5 milliards de dollars en 2016, a par ailleurs noté le rapport de l'institution de Bretton Woods. Selon les prévisions de cette institution financière internationale, la production pétrolière et de gaz naturel de l'Algérie devrait être de 0,98 million de barils/jour (mbj) en 2015 et de 0,99 mbj en 2016 (contre 1,02 mbj en 2014). Quant au prix d'équilibre budgétaire du pétrole de l'Algérie, le FMI le situe à 111,1 dollars/baril en 2015 et à 110,2 dollars/baril en 2016 (contre 129,8 dollars/baril en 2014). Abordant la situation dans les pays exportateurs de pétrole de la région MENA, le FMI avait avisé dans son rapport que «les nouvelles réalités du marché mondial du pétrole accentuent l'urgente nécessité de renoncer aux modèles de croissance du passé, basés sur les dépenses publiques qui sont tirées par l'industrie pétrolière et où la richesse pétrolière, est partagée par le biais des subventions et de l'embauche dans la fonction publique». Selon le fonds, ces modèles sont la cause de la faible croissance de la productivité et ne répondent pas suffisamment aux besoins de création d'emplois et de diversification économique. En conséquence, il avait préconisé pour cette catégorie de pays de passer à un nouveau modèle où la croissance économique et la création d'emplois sont tirées par un secteur privé diversifié. Les efforts visant à offrir des incitations à la création d'entreprises privées dans le secteur des biens échangeables, à mieux aligner l'éducation sur les besoins du secteur privé et à accroître l'emploi dans le secteur privé «contribueraient largement à la réalisation des objectifs de diversification économique», selon le FMI. Si ces réformes sont différées par ces pays, avait toutefois signifié l'institution financière internationale, il faudra vraisemblablement procéder plus tard à un ajustement «plus brutal et coûteux», en relevant que la chute des cours du pétrole souligne combien les pays pétroliers du MENA « ont intérêt à s'affranchir de la dépendance à l'égard du pétrole ». Enfin, il y a lieu de souligner que les recettes provenant de l'exportation des hydrocarbures ont baissé de près de la moitié (42,8%) avec la chute du prix de l'or noir. Le gouvernement, qui a toujours différé l'application de nombreuses réformes pour ne pas provoquer des « remous sociaux », est aujourd'hui contraint de rattraper le temps perdu avec des moyens financiers réduits de moitié, ce qui constitue un vrai dilemme pour des gouvernants qui ont toujours manqué de vision et qui ont toujours agi en pompiers dans la gestion des affaires de l'Etat.