Le président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, fait le point, dans cet entretien, sur la 19e édition du salon international de l'automobile qui se déroule au palais des expositions des Pins Maritimes. Peut-on avoir votre impression sur le déroulement de ce salon ? A première vue, cette manifestation est loin d'être une réussite. A mon sens, comparativement aux éditions précédentes, celle de cette année n'est pas à la hauteur des attentes des citoyens. Quelle est la particularité de cette édition ? Ce qui est remarquable cette année, c'est le nombre d'exposants qui est beaucoup plus inférieur par rapport aux précédentes éditions. L'autre remarque a trait à l'absence de nouveautés. Mis à part quelques concessionnaires, la plupart des exposants ne présentent que des modèles connus. Une des raisons d'ailleurs qui explique le manque d'affluence des visiteurs. Est-ce que vous avez reçu au niveau de votre stand des réclamations des citoyens ? Et elles sont nombreuses. Les consommateurs sont mécontents. C'est clair. Ils sont nombreux à se rapprocher de notre stand pour exprimer leur colère et dénoncer les agissements de certains concessionnaires. La plupart déplorent le non-respect des délais de livraison. Nous avons reçu des réclamations de citoyens qui ont versé depuis des mois des acomptes. Ils sont vraiment bloqués alors que pour certains, le véhicule est indispensable dans l'exercice de leur profession. Certains ont vendu leur véhicule pour avoir du neuf. Les opérateurs, quant à eux, ne peuvent rien faire dans la mesure où ils font face à des cas de force majeure. Les concessionnaires attendent toujours la mise en application des licences d'importation. Devant cette situation, c'est le consommateur qui est le plus pénalisé. En ce qui concerne les cas de dépassements au cours de cette manifestation, nous avons relevé que des concessionnaires vendent sans délai de livraison. Ils délivrent des factures pro forma sans la moindre indication sur le délai de livraison. Les factures remises aux clients contiennent le montant à payer uniquement. C'est inadmissible. Les droits des consommateurs sont bafoués. Et par rapport aux prix ? Les prix sont exorbitants. C'est de la pure arnaque. Les prix des véhicules connaissent des hausses vertigineuses dépassant les 30%. Ce n'est même pas justifié. Certains concessionnaires lient cette hausse à la dépréciation de la valeur de la monnaie nationale alors que le dinar n'a pas été déprécié de 30%. Ce n'est donc pas normal de relever les prix surtout qu'il s'agit de véhicules importés en 2015. Certains concessionnaires profitent de la non-disponibilité de véhicules, de la hausse des prix de l'occasion pour imposer leur diktat. L'Apoce va-elle réagir ? Bien sûr. Notre mission est de défendre les intérêts et les droits des consommateurs. L'Apoce va s'exprimer pour dire que l'opération d'attribution des licences d'importation tarde à voir le jour et cette situation porte préjudice aux citoyens. Nous avons temporisé pour exprimer notre préoccupation. Mais eu égard aux plaintes des citoyens, l'Apoce agira dans l'espoir de faire bouger les choses. Tout le monde attendait le lancement des licences d'importation au mois de janvier. On est en mars et rien ne pointe à l'horizon. Il faut savoir aussi que ce retard a eu un impact important sur les prix des véhicules d'occasion qui ont connu une hausse estimée à 20%.