Les villages des alentours ont beau s'étaler, les routes qui y mènent connaissent, en fin de journée, des embouteillages. Il reste assez de collines vertes en cette saison des coquelicots pour que Boudjima préserve son attrait de localité rurale. En ces journées de week- end, ce n'est ni l'air printanier ni le calme qui attire ces centaines de personnes que leurs pas dirigent vers la modeste bibliothèque municipale. Depuis jeudi dernier se déroule, dans cette bâtisse à un seul étage, la troisième édition du salon du livre. Pour l'ouverture, M. Boukharoub, le président de l'APC qui, avec quelques associations et sponsors de la région prend en charge l'organisation, a dévoilé la plaque qu'arbore le fronton de ce lieu de culture. Il portera désormais le nom de Mohand Uyahia . « C'est le premier endroit où s'affiche son nom », nous dit, ému, jusqu'au larmes, Mouloud, un des trois frères du dramaturge, invités pour la cérémonie. De Mohya, il a été beaucoup question, en cette première journée, avec deux interventions de haut niveau. Trois universitaires, Saïd Chemakh (université de Tizi Ouzou), Amar Laoufi et Nouredine Bellal (université de Bouira) ont beaucoup parlé de son parcours, du caractère et des travaux de l'homme de théâtre disparu en décembre 2004. Le premier a rappelé avec beaucoup de détails « l'appropriation du savoir », à laquelle s'est attelé le dramaturge qui a traduit en kabyle de grands textes de la littérature universelle, notamment Molière, Pirandello, des philosophe grecs et affirmé que des chanteurs ont repris ses poèmes. Le second, tout en abordant les mémoires de licences, master et de doctorat qui s'intéressent au niveau des départements de langue et de culture amazighes, a jugé leur nombre insuffisant. « Nous comptons quatre de master à Bouira, un magister et cinq de licence à Bejaia et deux doctorats et 10 licences à Tizi Ouzou ». Selon lui, « c'est insuffisant vu la stature de l'auteur ». Il a surtout déploré les difficultés d'accès à certains de ses textes, certains ayant été perdus sans doute à jamais car Mohya fut victime d'un vol. Omar Fetmouche, qui avait adapté une de ses pièces jouée au théâtre de Bejaia, a longuement évoqué les techniques d'adaptation et expliqué que celles-ci peuvent enrichir le répertoire algérien. Enfin, Bellal s'est intéressé au roman en kabyle, sa situation éditoriale et les thèmes qui le traversent.En plus des conférences, divers stands d'éditeurs connus comme El Ibriz, Casbah, Koukou Apic attirent de nombreux visiteurs qui peuvent se faire dédicacer les derniers livres d'Arezki Metref, Yefsah, Malika Arabi ou Rabah Benamghar tout heureux de nous présenter son premier roman. Meriem Merdaci se dit contente. Responsable de la maison d'édition « Belles lettres », elle est venue de Constantine et prend part, pour la première fois, au salon qui, de plus en plus, se taille une réputation chez les amoureux du livre.Il est prévu aujourd'hui une conférence à 13h autour de la traduction. Elle sera animée par Youcef Merahi et Amine Zaoui.