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Un artiste hors pair !
6es journées théâtrales en hommage à Mohia
Publié dans Le Midi Libre le 02 - 12 - 2014

Mohya a toujours mis un point d'honneur à ne jamais faire commerce de son travail artistique. Ce grand artiste est le seul qui n'a jamais rien attendu en contrepartie de ses oeuvres.
Mohya a toujours mis un point d'honneur à ne jamais faire commerce de son travail artistique. Ce grand artiste est le seul qui n'a jamais rien attendu en contrepartie de ses oeuvres.
La ville des Genêts renouera, encore une fois, à partir de vendredi prochain et pendant trois jours avec le quatrième art en hommage au dramaturge Mohia, grande figure du théâtre algérien d'expression amazighe, marquant ainsi le dixième anniversaire de sa disparition.
Organisées par la Direction de la culture de Tizi-Ouzou, cette 6e édition revisitera Mohia qui aurait eu 64 ans aujourd'hui s'il était encore en vie. Cet homme de théâtre a marqué de son empreinte le 4e art et continue encore d'inspirer beaucoup d'artistes. A l'occasion, les organisateurs ont concocté un programme timide qui ne reflète pas la grandeur de ce grand artiste, le seul qui n'a jamais rien attendu en contrepartie.
Ce programme consiste en un recueillement sur sa tombe au village Ath Rbah, dans la commune d'Iboudrarène, une exposition et une conférence-débat sur sa vie et son oeuvre. Elle sera animée par Saïd Chemakh, enseignant au département de langue et culture amazighes de l'université de Tizi-Ouzou et son confrère du département de langue française, à la même université, Hacène Halouane.
Les amoureux du quatrième art et de l'ouvre de Mohia pourront se délecter de la pièce Moh Uperpuch, qui sera jouée par la Troupe Tigjdit, au théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou et du Centre culturel d'Azazga, respectivement samedi et dimanche prochains. L'hommage sera clôturé par une cérémonie de remise de prix aux lauréats du prix Mohia d'Or de la meilleure dramaturgie, une distinction destinée à promouvoir l'adaptation et la production théâtrales.
Qui est Mohia ?
Sans doute aurait-il aimé revoir sa Kabylie natale avant de rendre son dernier souffle. Une tumeur au cerveau, sournoise et tenace, en a décidé autrement. Mohya, poète et dramaturge algérien d'expression kabyle, est décédé le mercredi 7 décembre à Paris, loin des montagnes du Djurdjura qui l'ont vu naître, un 1er novembre 1950 à Azazga. À vrai dire, pour cet homme qui a quitté l'Algérie au début des années 70, la France n'a pas été une terre d'exil mais plutôt un refuge.
Celle-là lui a permis de donner libre cours à ses talents d'artiste. Mohya, de son vrai nom Mohand Ouyahya Abdellah, est un personnage atypique dans le paysage artistique et littéraire algérien. Recueils de proverbes et de poèmes, pièces de théâtre, traductions en tamazight de grands titres de la littérature universelle, adaptations de contes pour enfants, représentations théâtrales et recueils de chansons contestataires, l'oeuvre de Mohya est aussi abondante que multiforme.
Etudiant en mathématiques à la fin des années 60, il plonge vite dans le milieu de la cause berbère en suivant les cours de tamazight dispensés par l'écrivain Mouloud Mammeri à la Faculté centrale d'Alger. Dans sa chambre d'étudiant, entre un cours sur les logarithmes et une lecture d'une pièce de Bertold Brecht, Mohya écrit des textes contestataires qui seront plus tard interprétés par les grosses pointures de la chanson kabyle telles Idir, Slimane Azem, Ferhat Imazighen Imoula et le trio féminin Djurdjura.
Il fallait oser à une époque où parler en kabyle dans les rues algéroises pouvait valoir les quolibets des passants, à une époque où revendiquer un statut pour la langue berbère était passible de prison. Dans cette Algérie dirigée d'une main de fer, le féru de Beckett, Voltaire, Nazim Hikmet, Sophocle, Platon et Socrate se sent opprimé par le système du parti et de la pensée unique. Alors, comme nombre de ses compatriotes, il part en France pour poursuivre ses études. À Paris, il peut, enfin, s'adonner à ses passions : l'écriture et le théâtre.
Il traduit en kabyle les textes de Boris Vian et de Louis Aragon, adapte les pièces de Pirandello et Jarry en contes pour enfants et monte une troupe de théâtre qui se produit occasionnellement dans le quartier de la Goutte d'or.
Parce que le métier ne nourrit pas son homme, il rachète une épicerie à Richelieu-Drouot et vend des denrées alimentaires à des vieilles dames dont le nombre ne dépasse pas quinze. Au fur et à mesure que ses clientes meurent, son chiffre d'affaires s'amenuise. Mais qu'importe ! Le local sert d'atelier d'écriture et de lieu de rendez-vous pour les artistes et les copains. Son fonds de commerce est davantage les poèmes, les pièces de théâtre que les boîtes de petits-pois.
Et c'est dans cette boutique poussiéreuse, plus tard revendue à des Chinois, qu'il enregistre ses fameuses cassettes, ensuite dupliquées par ses soins sur des magnétos déglingués et distribuées gratuitement. Mohya a, en effet, toujours mis un point d'honneur à ne jamais faire commerce de son travail artistique. Chaque année, il envoie des centaines de livres au profit des bibliothèques de Kabylie.
Interdites en Algérie, ses oeuvres s'écoulent sous le manteau. S'il fait l'admiration de ses compatriotes, rares sont ceux qui savent encore aujourd'hui qu'il est l'auteur d'une célèbre chanson, Tahya Brisidane (Vive le président), que Ferhat Imazighen Imoula avait interprétée.
La ville des Genêts renouera, encore une fois, à partir de vendredi prochain et pendant trois jours avec le quatrième art en hommage au dramaturge Mohia, grande figure du théâtre algérien d'expression amazighe, marquant ainsi le dixième anniversaire de sa disparition.
Organisées par la Direction de la culture de Tizi-Ouzou, cette 6e édition revisitera Mohia qui aurait eu 64 ans aujourd'hui s'il était encore en vie. Cet homme de théâtre a marqué de son empreinte le 4e art et continue encore d'inspirer beaucoup d'artistes. A l'occasion, les organisateurs ont concocté un programme timide qui ne reflète pas la grandeur de ce grand artiste, le seul qui n'a jamais rien attendu en contrepartie.
Ce programme consiste en un recueillement sur sa tombe au village Ath Rbah, dans la commune d'Iboudrarène, une exposition et une conférence-débat sur sa vie et son oeuvre. Elle sera animée par Saïd Chemakh, enseignant au département de langue et culture amazighes de l'université de Tizi-Ouzou et son confrère du département de langue française, à la même université, Hacène Halouane.
Les amoureux du quatrième art et de l'ouvre de Mohia pourront se délecter de la pièce Moh Uperpuch, qui sera jouée par la Troupe Tigjdit, au théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou et du Centre culturel d'Azazga, respectivement samedi et dimanche prochains. L'hommage sera clôturé par une cérémonie de remise de prix aux lauréats du prix Mohia d'Or de la meilleure dramaturgie, une distinction destinée à promouvoir l'adaptation et la production théâtrales.
Qui est Mohia ?
Sans doute aurait-il aimé revoir sa Kabylie natale avant de rendre son dernier souffle. Une tumeur au cerveau, sournoise et tenace, en a décidé autrement. Mohya, poète et dramaturge algérien d'expression kabyle, est décédé le mercredi 7 décembre à Paris, loin des montagnes du Djurdjura qui l'ont vu naître, un 1er novembre 1950 à Azazga. À vrai dire, pour cet homme qui a quitté l'Algérie au début des années 70, la France n'a pas été une terre d'exil mais plutôt un refuge.
Celle-là lui a permis de donner libre cours à ses talents d'artiste. Mohya, de son vrai nom Mohand Ouyahya Abdellah, est un personnage atypique dans le paysage artistique et littéraire algérien. Recueils de proverbes et de poèmes, pièces de théâtre, traductions en tamazight de grands titres de la littérature universelle, adaptations de contes pour enfants, représentations théâtrales et recueils de chansons contestataires, l'oeuvre de Mohya est aussi abondante que multiforme.
Etudiant en mathématiques à la fin des années 60, il plonge vite dans le milieu de la cause berbère en suivant les cours de tamazight dispensés par l'écrivain Mouloud Mammeri à la Faculté centrale d'Alger. Dans sa chambre d'étudiant, entre un cours sur les logarithmes et une lecture d'une pièce de Bertold Brecht, Mohya écrit des textes contestataires qui seront plus tard interprétés par les grosses pointures de la chanson kabyle telles Idir, Slimane Azem, Ferhat Imazighen Imoula et le trio féminin Djurdjura.
Il fallait oser à une époque où parler en kabyle dans les rues algéroises pouvait valoir les quolibets des passants, à une époque où revendiquer un statut pour la langue berbère était passible de prison. Dans cette Algérie dirigée d'une main de fer, le féru de Beckett, Voltaire, Nazim Hikmet, Sophocle, Platon et Socrate se sent opprimé par le système du parti et de la pensée unique. Alors, comme nombre de ses compatriotes, il part en France pour poursuivre ses études. À Paris, il peut, enfin, s'adonner à ses passions : l'écriture et le théâtre.
Il traduit en kabyle les textes de Boris Vian et de Louis Aragon, adapte les pièces de Pirandello et Jarry en contes pour enfants et monte une troupe de théâtre qui se produit occasionnellement dans le quartier de la Goutte d'or.
Parce que le métier ne nourrit pas son homme, il rachète une épicerie à Richelieu-Drouot et vend des denrées alimentaires à des vieilles dames dont le nombre ne dépasse pas quinze. Au fur et à mesure que ses clientes meurent, son chiffre d'affaires s'amenuise. Mais qu'importe ! Le local sert d'atelier d'écriture et de lieu de rendez-vous pour les artistes et les copains. Son fonds de commerce est davantage les poèmes, les pièces de théâtre que les boîtes de petits-pois.
Et c'est dans cette boutique poussiéreuse, plus tard revendue à des Chinois, qu'il enregistre ses fameuses cassettes, ensuite dupliquées par ses soins sur des magnétos déglingués et distribuées gratuitement. Mohya a, en effet, toujours mis un point d'honneur à ne jamais faire commerce de son travail artistique. Chaque année, il envoie des centaines de livres au profit des bibliothèques de Kabylie.
Interdites en Algérie, ses oeuvres s'écoulent sous le manteau. S'il fait l'admiration de ses compatriotes, rares sont ceux qui savent encore aujourd'hui qu'il est l'auteur d'une célèbre chanson, Tahya Brisidane (Vive le président), que Ferhat Imazighen Imoula avait interprétée.


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