La bibliothèque communale de Boudjima, une localité située à une vingtaine de kilomètres au nord de Tizi- Ouzou, s'apprête à accueillir, à partir du 21 avril, de nombreux auteurs et éditeurs. Ils rallieront ce chef-lieu communal pour le traditionnel salon du livre qui s'y tient chaque année, depuis trois ans. L'APC, des associations locales comme Anza, ACABM de Tigzirt et LACD de Tizi Ouzou, des établissements scolaires et des sponsors privés s'associent de nouveau pour un rendez-vous qui commence à se faire connaître auprès des amoureux du livre. Une association de Dijon « un livre, une vie » qui alimente en dons, depuis quelques années, des bibliothèques de la région et d'autres situées dans d'autre wilayas sera également partie prenante. Des écrivains comme Amine Zaoui, Djamel Mati, Arezki Metref et Said Smail seront aux côtés d'auteurs en quête d'une plus grande visibilité et de rencontres avec les lecteurs. Certains comme Malika Arabi, Abderahmane Yefsah, Chabane Imache et Youcef Merahi sont des habitués de cette rencontre qui brise la monotonie de la région. De neuf heures à dix-sept heures, la petite bâtisse à un étage s'ouvrira pour des centaines de curieux avides de se faire dédicacer des ouvrages, en acquérir d'autres ou flâner pour le plaisir de la rencontre et des échanges. On peut regretter seulement l'absence d'auteurs en langue arabe qui auraient pu donner un cachet de convivialité linguistique à cet événement. Ils sont nombreux à publier des contes pour enfants ou des livres qui méritent d'être découverts et connus. La bibliothèque portera le nom de Mohya Coïncidant avec les festivités du 20-Avril, cet événement sera au centre de la conférence de Hend Sadi, le jeune frère de l'ex-leader du RCD. L'an dernier, ce professeur de mathématiques avait présenté, devant un auditoire attentif, son livre consacré aux soubassements et enjeux de la polémique qui avait entouré la sortie du roman de Mouloud-Mammeri « La colline oubliée » éditée par Plon en septembre 1952. Il parlera le samedi 23 avril durant l'après-midi, de « l'officialisation de la langue amazighe ». La veille, c'est Saïd Sadi en personne qui animera une conférence intitulée « Algérie l'échec recommencé » titre d'un de ses ouvrages récemment réédité. Trois jours durant, le programme se déclinera en conférences autour de multiples aspects de l'édition et de la lecture, notamment la traduction, la critique et de nombreuses vente-dédicaces. Une quinzaine d'éditeurs, notamment Barzakh, Enag, Alpha et El Ibriz auront des stands à côté de nouvelles maisons de la région comme Frantz-Fanon, la pensée ou Kerdja. Le programme comporte aussi de l'animation artistique avec des chorales, et une prestation du groupe Debza. Des poètes viendront aussi déclamer leurs vers. Un atelier dessin et un autre dédié au conte seront ouverts au grand bonheur des enfants qui, chaque fois, sont très nombreux. La séance d'ouverture verra la baptisation de la bibliothèque du nom de Mohia, le dramaturge dont la vie et les œuvres seront évoquées le jour-même, lors d'une table ronde animée par Said Chemakh et Amar Laoufi, professeurs à l'université. Elle sera suivie d'interventions autour de « l'adaptation au théâtre » dont parlera Omar Fetmouche qui a, notamment, transposé sur scène les romans « Le fleuve détourné » de Rachid Mimouni et « Les vigiles » de Tahar Djaout. Nourredine Bellal abordera la situation du « roman kabyle entre perspective d'écriture et situation éditoriale ». Le printemps dans cette localité rurale ne sera pas seulement dans les collines qui l'entourent, mais aussi dans le cœur des organisateurs et des invités de cette fête du livre.