À quelques semaines du mois de ramadan et de la période estivale, le sujet est pris très au sérieux par les services concernés. A commencer par la direction du commerce qui se prépare d'ores et déjà à lutter contre toutes sortes d'infractions. La vigilance a sa raison d'être : en 2015, 90 intoxications alimentaires collectives ont été signalées. La plupart ont été relevées durant les fêtes de mariage, a déclaré le directeur du commerce de la wilaya, Azouz Goumida. Des intoxications survenues surtout suite à la consommation de viandes blanches et d'œufs. Pour ce qui est du bilan des quatre premiers mois de l'année en cours, Goumida indique que ses services ont mené 9.000 interventions se soldant par la constatation de 1.347 infractions, la saisie de marchandises d'une valeur de 7 millions de dinars et la fermeture de 18 commerces. En prévision du ramadan, les services de la répression des fraudes de la direction du commerce vont déployer 100 agents en présence de scouts et des associations de protection du consommateur. Aussi, afin d'encourager les citoyens à éviter de consommer des produits à risques, 10.000 dépliants seront distribués au niveau des marchés, des restaurants, des salles des fêtes et des résidences universitaires, confie le directeur du commerce. Cette année, la sensibilisation sur les risques des toxi-infections vise, plus particulièrement, la consommation des viandes dont l'origine est suspecte et pouvant présenter un danger sur la santé du citoyen. La situation est inquiétante, selon Sakina Khelil, présidente de l'association de défense et de protection du consommateur, qui demande aux consommateurs de redoubler de vigilance. « Nous avons constaté que la prolifération des abattoirs clandestins est inquiétante », souligne-t-elle, ajoutant que « ce fléau fait des ravages dans toutes les wilayas du pays ». Mme Khelil note, en outre, que « sans le savoir, le citoyen prend d'énormes risques lorsqu'il consomme une viande qui n'est pas saine et surtout quand elle n'est pas bien cuite, on le remarque notamment dans les restaurants. Nous avons pour cela penser à organiser le 18 mai à l'institut vétérinaire une journée consacrée au rôle du vétérinaire dans la santé du consommateur, et ayant deux objectifs : la lutte contre l'abattage clandestin et le volet investissement dans cette filière ». Ce constat est partagé par Fadila Bentobal, docteur vétérinaire et inspecteur vétérinaire principal, membre de la brigade mixte du commerce au niveau de la wilaya de Constantine, qui soutient que la commercialisation de viandes d'origine douteuse devient inquiétante. « Notre brigade active depuis une vingtaine d'années, et ce sont toujours les mêmes infractions que nous relevons, à savoir les défauts d'estampillage des viandes ou l'interruption de la chaîne de froid. Avec la fermeture de l'abattoir communal de Constantine, nous avons enregistré un nombre élevé de saisie de viandes rouges d'animaux tués dans des abattoirs clandestins et donc pas contrôlées », dit-elle. Poursuivant son analyse, elle relève que « le statut sanitaire de l'animal est inconnu, nous retrouvons par exemple l'abattage de l'animal femelle interdit par la loi vétérinaire 88-08 ou encore des animaux malades. Nous trouvons des abattoirs clandestins dans les quartiers populaires comme à Oued El Had, dans des maisons, des terrasses ou des caves et où il est difficile d'intervenir car il faut non seulement un renfort sécuritaire mais comme ce sont des propriétés privées, il faut avoir l'ordre de perquisition de la part du procureur de la République ». « Il y a également la falsification des estampilles, une marque rouge ou verte sur l'animal ne veut pas dire systématiquement que la viande a été contrôlée par des vétérinaires, nous faisons de notre mieux mais la fraude existe et pas seulement dans les marchés informels », conclu Mme Bentobal.