Un mois après le lancement de l'emprunt obligataire, la Banque extérieure d'Algérie (BEA) a récolté plus de 50 milliards de dinars. Ce chiffre « record » est appelé à augmenter davantage les prochains jours, a fait savoir, hier, Mohammed Loukal, président-directeur général de cette banque lors d'une rencontre organisée au Cercle de l'armée, sixième du genre après celles organisées dans 39 wilayas du pays. Des particuliers, de grandes entreprises économiques privées et publiques, des compagnies d'assurance, tous contribué à cette opération devant connaître une meilleure cadence dans les prochains mois, confie-t-il en guise de réponse à ceux qui avancent qu'elle a suscité un engouement « timide ». Mieux encore, Loukal a indiqué que la BEA souscrira, elle aussi, à cet emprunt avec une « importante » somme, car il s'agit d'une démarche relevant « d'une sécurité absolue ». « Nous sommes près du but. Nous avons pour ambition de doubler la somme glanée jusque-là », poursuit-il avant d'expliquer que l'Etat a fait appel à l'épargne nationale en raison de la baisse des recettes du pétrole. Cet argent accumulé sera versé au Trésor qui va financer, à son tour, les grands projets à caractère économique. Ces mannes financières rejoindront à nouveau le circuit bancaire pour aller aux promoteurs ayant contribué à la réalisation de ces projets. Ces ressources ne seront pas « gelées ». Elles ne seront pas non plus utilisées pour payer les salaires. Cela est totalement « faux », certifie le PDG de la BEA, assurant que les intérêts seront acquittés annuellement avec les fonds de roulement de la banque sans aucune formalité. A quand la souscription par la devise ? Loukal a expliqué que ceux qui veulent apporter leur pierre à l'édifice doivent convertir leurs devises en dinars, en attendant une autre opération qui sera destinée, pourquoi pas, à la communauté nationale établie à l'étranger. Existe-t-il une crainte d'effet d'éviction ? Le PDG de la BEA a écarté cette menace en faisant remarquer que les crédits bancaires qui sont distribués pour financer l'économie proviennent des fonds placés à terme. Et il y a là aussi les fonds à vue qui sont volatiles que nulle partie ne peut maîtriser. Ces fonds seront stabilisés aujourd'hui sur trois ou cinq années pour pouvoir les orienter vers des financements de projets. Il n'y a pas d'effet d'éviction puisque de par les règles prudentielles qui sont instituées en Algérie, on ne peut pas prêter sur des crédits à court terme. Devant sa clientèle présente en nombre important, Loukal a expliqué que cet emprunt obligataire a été rendu « plus flexible » sur décision du ministère des Finances en vue de faciliter la démarche aux souscripteurs. « Tout le monde trouve son compte » Tout en affirmant que la BEA n'a pas encore épuisé toutes les niches de collecte, le PDG de la BEA a souligné que le souscripteur peut ne pas percevoir les intérêts pour ne pas contredire la charia, d'autant que cette souscription n'est pas haram s'agissant d'une opération d'intérêt national. « Tout le monde trouve son compte », lance-t-il pour rassurer les citoyens. Cette journée d'information s'est articulée autour de deux points. Sensibiliser sur l'emprunt obligataire et rendre public le bilan annuel de la BEA. A ce titre, Loukal a affirmé que la banque qu'il dirige est en train de se « consolider » à travers des paramètres financiers incontestables. Cette banque « émergente » est dotée d'un capital de un milliard et demi, de 25 milliards de dollars de masse de bilan et de 330 millions de dollars de résultats. Ce qui fait d'elle l'une des principales institutions financières du pays pouvant aspirer à se redéployer à l'international. Elle a enregistré, en 2015, une croissance de 14% par rapport à 2014, et ce, en dépit d'avoir subi un choc externe de « grande ampleur » en 2015 qu'elle a « très bien amorti » grâce à la diversification de son portefeuille. Axée essentiellement par le passé sur les hydrocarbures, la BEA s'est diversifiée durant la dernière décennie en introduisant tous les segments. Son net bancaire PNB est en hausse de 12,8% en 2015. Elle est donc en bonne position face à la concurrence.