Le spectre d'une ville morte le jour de la marche s'est finalement dissipé avec l'ouverture de la quasi totalité des commerces et services de la capitale. Les cafés, pizzérias et autres pharmacies ont levé leurs rideaux dès les premières heures de la matinée faisant fi de l'inquiétude qui s'est propagée la veille. Les kiosques multiservices, magasins d'alimentation générale et les boulangeries ont également ouvert. Même les vendeurs à la sauvette sont venus en force installer leurs étals sur les trottoirs de la rue Larbi Ben M'hidi et à la place des Martyrs. En revanche, au niveau la principale artère commerçante du centre d'Alger, en l'occurrence Didouche Mourad, presque l'ensemble des boutiques est resté fermé. Le déploiement des forces antiémeutes en contrebas du siège du RCD a fini par dissuader la majorité des commerçants d'activer. Par contre, à la rue Hassiba Ben Bouali, que devaient emprunter les manifestants, seules les bijouteries sont restées closes. A la Grande-Poste, en plein centre d'Alger, des personnes de tous âges sont attablées sur la terrasse ignorant l'impressionnant dispositif sécuritaire installé en face d'eux. Même climat dans le quartier populaire de Bab El-Oued où les marchés Nelson et des Trois Horloges grouillaient de monde. Sur le front de mer, quelques personnes installées sur les bancs en face de la mer commentaient le succès du Mouloudia d'Alger. Toutefois, les commerçants ont pris quelques dispositions pour parer à toute éventualité. Ainsi, certains ont laissé leurs rideaux à moitié levés, d'autres qui avaient l'habitude d'étaler leurs marchandises sur le trottoir ont tout confiné à l'intérieur de leurs magasins. «Nul ne peut prévoir un embrasement et au lieu de rester fermer toute la journée, j'ai préféré travailler tout en restant sur mes gardes », explique ce marchand d'articles de maison et de literie à la rue Larbi Ben M'hidi. Un buraliste dont le présentoir des journaux et autres revues est installé comme à l'accoutumée, à l'entrée du magasin Emir Abdelkader, avoue : « j'ai fait venir mon frère pour qu'au moindre déferlement de foule, je baisse le rideau au plus vite ».Tout en gardant leurs échoppes ouvertes, les commerçants s'informaient de l'évolution de la situation à la Place du 1er-Mai lieu du rassemblement, auprès de leur connaissance. « Une manière d'évaluer le risque et éventuellement y faire face », indique le propriétaire d'une maroquinerie. A 12 h 30, l'activité commerciale a largement repris avec l'annonce de la dispersion de la manifestation.