L'appel de l'UGCAA lancé aux commerçants les exhortant à assurer un service minimum pour approvisionner les familles en différents produits de consommation n'a pas été suivi dans toutes les localités d'Alger. Si certaines familles ont trouvé des facilitations dans l'acquisition de ces denrées le jour de l'Aïd, beaucoup d'autres ont épuisé tous les moyens pour trouver une épicerie ou une boulangerie ouverte pour pouvoir acheter les produits de première nécessité. Certaines boulangeries ont ouvert le matin pour assurer le service mais ont fini par fermer en début d'après-midi. «On a eu de la chance d'avoir le réflexe d'acheter le pain dans les premières heures de la journée, autrement les choses auraient été plus difficiles le soir», nous dira un habitant dans la région ouest d'Alger. Beaucoup de boulangeries ont préféré vendre le pain aux différents magasins d'alimentation générale ou même aux vendeurs ambulants avant de baisser le rideau et d'aller passer l'Aïd avec leurs familles. Ces vendeurs à la sauvette ont été d'ailleurs la vedette de ce jour de l'Aïd et se sont permis le luxe de travailler en toute liberté en l'absence totale des services de contrôle ou même des policiers qui les pourchassaient la veille. Le grand absent en ce jour de fête a été le lait. Les familles algéroises ont constaté un manque terrible de cette matière de première nécessité. La pénurie a été constatée dans certains quartiers alors que dans d'autres, c'est la perturbation des réseaux de distribution qui a été mise à l'index. «D'habitude, nous avons le lait pendant les premières heures de la journée alors qu'hier, il n'y a eu aucune trace de cette matière dans les rares boutiques qui étaient ouvertes» nous dira un habitant. Le même constat été fait chez les autres vendeurs. Les rideaux étaient quasiment fermés et les marchés de la capitale n'étaient pas au rendez-vous en ce jour de fête. Seules les boutiques de jouets étaient ouvertes. Prix : hausse inexpliquée Cette fête de l'Aïd a été une autre occasion pour les commerçants grossistes et détaillants d'imposer leur loi. La spéculation a été le «grand invité» de cette fête, puisque les commerçants n'ont pas raté une nouvelle occasion de gain facile, à moindre prix et en un temps record. A la veille de l'Aïd, les fruits et légumes étaient carrément hors de prix. Les différents marchés de la capitale ont affiché des prix plus élevés que durant la première semaine du ramadhan. Ainsi, les navets étaient à 170 dinars, la courgette et la carotte à 80 dinars, la pomme de terre à 70 dinars, la tomate à 90 dinars, les haricots verts à 130 dinars, le chou-fleur à 170 dinars le kilo. Même tendance à la hausse pour les viandes rouges et blanches puisque le prix du poulet est resté stationnaire à 350 dinars et la viande rouge à plus de 950 dinars. Les fruits, malgré l'abondance constatée dans les différents marchés, sont restés chers en cette période de fête où tout est permis. L'absence des services de contrôle des prix a été flagrante durant ces journées de fête, laissant le citoyen livré à lui-même. La hausse vertigineuse des prix vient ainsi s'ajouter au non-respect du service minimum que les commerçants devaient assurer. L'appel de l'UGCAA a été donc ignoré par les commerçants. Cela signifie-t-il la non-représentativité de cette organisation parmi les commerçants qui ne la reconnaissent pas en tant que leur représentant ? L'organisation des commerçants a aussi ce rôle de sensibilisation de ses membres, notamment lors de ces occasions qui marquent les traditions de toute une population. L'appel à assurer un service durant ces deux journées de fête aurait pu être consacré à exhorter les commerçants à cesser leur mission de «spéculateurs», qu'ils assurent à côté de leur mission commerciale qui leur permet déjà des gains importants durant les 12 mois de l'année.