Nous avons quitté la capitale du Hoggar pour atterrir, au bout de deux heures de vol, à la Vallée du M'zab non sans un goût d'inachevé de notre dernière escale et non sans cette envie insatiable de faire d'autres découvertes tout aussi alléchantes. Même si le temps a suspendu son envol entre les deux sites. C'est ainsi que la délégation d'opérateurs touristiques français et franco-algérien poursuit son éductours organisé dans le cadre de la relance du tourisme saharien.« Ici, on sent qu'on est en Algérie. Cette ville a les caractéristiques d'une ville algérienne ancienne. C'est complètement différent de Tamanrasset, ville d'évasion et d'aventures, qui a été une véritable belle découverte pour nous » confient les opérateurs, dont une bonne partie visite, pour la première fois, Ghardaïa. La forte chaleur de ce vendredi impose un calme total dans la ville. Ni la fatigue ni le manque de sommeil ne dissuadent les visiteurs tout exités à poursuivre ce périple qui les replonge pour les uns dans leur pays d'origine qu'ils n'ont pas visité depuis plusieurs décennies déjà. Le soleil de plomb a enfin calmé ses ardeurs aux environs de 17 h. Le bus prend alors la route vers les hauteurs de Béni Izguen, pour s'arrêter à Tafilelt. En cours de route, un bref échange a lieu avec une délégation d'enseignants français établis en Algérie, venue à la découverte des lieux. Après une belle balade à pieds à travers les moindres coins et recoins de ce beau quartier au cachet ancestral dans lequel s'incruste majestueusement une touche de modernité, la délégation a droit à des explications sur l'édification de cette belle perle, qui au-delà de l'extension urbanistique, se dessine dans le prolongement de la civilisation du M'zab. Outre les blocs d'habitations, Tafilelt comprend aussi toutes sortes d'infrastructures de loisirs et de détente. La piscine, le complexe sportif, les sièges de différentes associations, la bibliothèque, le musée, tout est conçu de façon à offrir une vie paisible aux occupants des lieux. La concrétisation de l'aspect écologique du projet se poursuit également. Avec ses espaces consacrés à la faune et à la flore de la région, l'éco-parc de Tafilelt poursuit sa mue. Par ailleurs, en attendant l'obtention des autorisations administratives pour la réalisation de deux blocs du tri des ordures et de la station d'épuration, les travaux de l'aménagement du jardin sont en cours. Tafilelt ou les valeurs ancestrales La visite se poursuit avec cette escale à la maison modèle de Tafilelt. Cette dernière permet aux visiteurs d'avoir une idée sur la vie et les traditions de la famille M'zab, attachée aux liens familiaux et à la transmission des valeurs de solidarité et d'entraide. C'est d'ailleurs dans cet esprit de réunion conviviale que le célèbre couscous du M'zab a été servi aux convives. Tout autour de la table, la discussion se poursuit sur le patrimoine de la région et les différents types de tourisme à promouvoir. Impossible d'éluder les récents évènements marqués par des affrontements intercommunautaires, qui ont beaucoup affecté l'activité touristique dans la région. Les membres de la délégation ont eu ainsi le loisir de constater le retour au calme et l'absence du moindre signe de violence dans la ville. D'autre part, Ghardaïa ouvre aussi ses bras aux opérateurs désirant investir dans les domaines industriel, économique et agricole. Saïd El Alouani, président de la Chambre du commerce et d'industrie de Ghardaïa a eu un échange très fructueux sur les possibilités d'investissement dans cette wilaya. Il a abordé les facilitations accordées par les pouvoirs publics, les dispositifs mis en place ainsi que les besoins exprimés en la matière. L'expérience et les projets projetés par El Alouani, propriétaire de la laiterie « Safi » (25.000 litres de lait cru/jour) ont été également exposés à cette occasion. Il est question de l'ouverture d'une unité de champignons de Paris à Ghardaïa. Les tests sont en cours dans les laboratoires du Nord. Beni Izguen, la bien-aimée à travers ce périple touristique, les visiteurs n'ont nullement ressenti la fatigue des longs voyages. En plus du dépaysement garanti, ils ont eu à constater de visu que dans le Sud, il n'est nul besoin de dormir longtemps pour retrouver sa bonne forme. Quelques heures et nous sommes frais et dispos. Et en cette deuxième journée de la visite guidée, la délégation s'est rendue au vieux souk de Ghardaïa. Le lieu idéal pour rencontrer les commerçants, les artisans mais aussi les tisserands qui fabriquent le célèbre tapis de la région du M'zab. « Le tapis du M'zab ne se vend plus. En l'absence des touristes et des spécialistes ou des gens avertis qui connaissent sa vraie valeur et face à la concurrence du tapis commercial, le tapis ancestral ne trouve pas preneur. Cette situation s'est répercutée sur les revenus des femmes qui tissent le tapis et est à l'origine de la réduction de sa production » affirme Hocine, qui tire la sonnette d'alarme. Le circuit ne peut s'achever sans ce tour dans Béni Izguen. C'est là qu'Ami Bakir, le guide du quartier, s'emploie à raconter la ville. Et pour bien connaître son histoire et ses nombreux secrets, qui remontent à plusieurs siècles, il faut bien tendre l'oreille pour s'imprégner à l'occasion de l'ambiance particulière qui y règne. On apprend à connaître la vie de sa population, les étapes historiques de la construction de ses maisons, apprendre les ficelles du système de distribution de l'eau, découvrir comment se fait la collecte des ordures... tout un quotidien où rien n'est laissé au hasard pour la bonne organisation de la vie des habitants. En direction des trois extensions qui prolongent Béni Izguen la vue est autre. Elle a aussi de quoi ravir le regard. Et quand cela se fait autour de bonnes glaces sur une terrasse du centre-ville, il y a de quoi vouloir demeurer dans cette contrée féerique du pays, empreinte à la fois de sérénité, de beauté et de spiritualité. Pas meilleur endroit pour se reposer et prendre le temps de profiter de la vie.