Le courant ne passe plus, ou presque, entre la Tunisie et l'Italie. Roberto Maroni, le ministre italien de l'Intérieur, a émis le souhait de déployer des «flics» en Tunisie pour contenir ceux et celles qui traversent «illégalement» la Méditerranée, ce «cimetière à ciel ouvert». «Inacceptable», déclare Tunis. Taïeb Baccouche, le porte-parole du gouvernement, qualifie l'«offre» du populiste de la Ligue du Nord d'«ingérence dans ses affaires intérieures» et d'«atteinte à sa souveraineté». Cette crise diplomatique, un mois jour pour jour après la chute de Ben Ali, a pris un tel tour que Franco Frattini a débarqué hier à Tunis quelques heures après Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne. Si l'Italien a voulu examiner la question en toute transparence avec le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, la Britannique a réaffirmé l'«intérêt commun» des deux rives à «freiner le trafic», apporté le soutien de l'UE aux réformes politiques. A l'origine de cette colère qui rappelle au gouvernement qui vient d'être secoué par la démission de son ministre des Affaires étrangères, l'ampleur de la réponse sociale à apporter aux Tunisiens, l'arrivée en cinq jours de plus de 5.000 clandestins sur la petite île de Lampedusa et … l'évocation par Roberto Maroni d'un «système tunisien à la dérive». «Je demanderai au ministre tunisien des Affaires étrangères l'autorisation pour nos forces d'intervenir en Tunisie pour bloquer les flux», dit-il au journal télévisé TG5 avant de réitérer plus diplomatiquement son offre : offrir une aide à la police tunisienne en envoyant nos forces qui sont en mesure de contrôler les côtes. Les Tunisiens qui ont fait échouer1.000 à 1.500 candidats à l'émigration à partir de Gabes cette semaine, tiennent à trois choses. Une, l'aide financière et économique de la communauté internationale. Deux, l'obtention du «statut avancé» qui leur ouvre la voie à un traitement douanier préférentiel et plus de visas. Trois, leur disponibilité à «coopérer» avec les pays frères et amis pour «identifier les solutions au phénomène de l'émigration clandestine». Redoutant une crise humanitaire, Rome qui a décrété l'état d'urgence humanitaire, réclame une «intervention urgente de l'UE». Selon la commissaire chargée des Affaires intérieures, Cécilia Malmström, les moyens de Frontex, l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures de l'UE, pourraient être mis en œuvre après le Conseil justice et affaires intérieures prévu le 24 février.