Près d'un millier d'immigrants tunisiens sont arrivés illégalement, dans la nuit de samedi à dimanche, sur l'île italienne de Lampedusa, selon les gardes-côtes italiens. Le commandant du port de Lampedusa, Antonio Morana, parle d'une «situation difficile», alors que deux autres embarcations se rapprochaient de la petite île, sur laquelle les débarquements se poursuivent à un rythme incessant. La mer calme et le beau temps favorisent ces départs depuis la Tunisie d'embarcations chargées d'immigrés clandestins. «Il est devenu impossible pour nous de vivre en Tunisie : il y a des violences, des enlèvements, on ne sait plus qui commande, le pays est à la dérive», témoigne une femme arrivée dans la nuit, qui dit vouloir rejoindre sa famille en France. Le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni, va demander le déploiement de policiers italiens en Tunisie «pour bloquer les flux», a-t-il annoncé lors d'un journal télévisé, invoquant un système tunisien «en train de s'écrouler». Rome a demandé une réunion urgente du Conseil justice et intérieure de l'Union européenne. Et le gouvernement a proclamé samedi l'état d'urgence humanitaire, ce qui permet d'éviter certaines formalités légales, de prendre des mesures immédiates et de mobiliser rapidement des moyens financiers. Il faut mobiliser les pays de la Méditerranée qui ont des navires, des avions et des hélicoptères pour contrôler la côte tunisienne, a jugé dans une interview le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini. Ce dernier espère une décision rapide de l'Union européenne d'ici une dizaine de jours pour le déploiement d'une mission Frontex d'interception et de patrouille au large des côtes de Tunisie. Les clandestins tunisiens recevront de l'aide «mais ils ne peuvent pas rester sur le territoire italien», a souligné le chef de la diplomatie italienne, indiquant qu'ils seront rapatriés. En dépit d'un pont aérien mis en place par les autorités italiennes pour le rapatriement, ils restaient dimanche plus de 2000 clandestins sur l'île, selon une estimation de la police, pratiquement tous tunisiens. En cinq jours, environ 5000 immigrants, pour la plupart tunisiens, ont débarqué à Lampedusa, selon des sources concordantes. La nouvelle vague d'immigration clandestine a déjà fait ses premières victimes. Un jeune Tunisien s'est noyé tandis qu'un autre est porté disparu après le naufrage samedi d'une barque transportant 12 candidats à l'immigration.