El Qaïda, puis Daech et que sait-on encore, des frankensteins couvés dans les laboratoires occidentaux de la perversion des valeurs de l'Islam, le processus de destruction du monde musulman bat son plein de contre-vérités historiques. De Raqa à Mossoul, érigés en capitales du califat syro-irakien, un attentat contre l'Islam des Lumières accompagne le pillage du patrimoine civilisationnel d'une religion qui a tant donné à l'humanité et plus particulièrement au développement de l'Occident. Dans cette mise à mort programmée d'un Islam, confiné au miroir déformant de l'arriération et du terrorisme, le déni culturel et civilisationnel procède de la falsification d'un héritage flamboyant superbement ignoré par l'Occident coupable d'une dépossession des découvertes scientifiques et des biens culturels d'autrui. C'est ainsi que Ibn Sina a été baptisé Avicenne, Ibn Rushd Averroès et l'alchimiste Jabir Iban Hayyane devenu Gebber. « C'est le plus grand vol dans l'histoire de la science », tonnait un chercheur allemand. Plus qu'un mythe, Cordoue, rivalisant d'ingéniosité avec Baghdad et exhibant fièrement la « Mezquita » de Córdoba », considérée comme l'un des fleurons de l'architecture mondiale, est la réalité tangible de l'Islam des Lumières qui a régné sur le monde, lorsque l'Europe végétait dans un état d'arriération et d'ignorance crasse. Les musulmans maîtrisaient la chirurgie moderne, au moment où l'Europe s'adonnait à la magie et à la sorcellerie comme médication. L'Islam des Lumières est le reflet de l'esprit de tolérance, de justice, de savoir et du dialogue des cultures qui ont permis d'enraciner dans le réservoir gréco-musulman les fondements des découvertes dans les sciences (médecine, algèbre, ingénierie, optique, physique et astronomie...), des arts et de la culture. L'Islam d'El Khawarizmi, le père de l'algèbre dont son nom a donné naissance au mot « algorithme », d'Ibn Sina en fondateur de la médecine traitant des cas de méningite et de diabète, d'Ibn Rochd « le commentateur » de l'œuvre d'Aristote et le « père de la laïcité », d'Abu Al-Qasim Al Zahrawi le monument de la chirurgie moderne, d'Ibn Khaldoun en précurseur de la sociologie contemporaine inspirant les travaux de Durkheim, Tocqueville et Auguste Comte. Le triomphe de l'Islam de la rationalité, de la paix et du dialogue des civilisations ne peut en aucun cas être associé à des mutants de l'ordre impérial lancés à l'assaut des acquis civilisationnels du monde musulman asservi et voué à la disparition totale.