«Quiconque part à la recherche de la science agit pour la cause de Dieu jusqu'à ce qu'il retourne chez lui» (hadith rapporté par Anas). L'apport des sciences islamiques au monde moderne est un sujet encore peu connu ou volontairement omit de nos jours en Occident. Pourtant, nombreux furent les génies de la science en terre d'islam qui participèrent directement ou indirectement à la transmission du savoir à l'Occident dans des disciplines divers et variées telles que la médecine, les mathématiques ou la chimie. De Baghdad à Cordoue ces savants allèrent chercher le savoir partout où il pouvait se trouver, suivant ainsi le fameux précepte du prophète Muhammad (PBSL) (Allez chercher le Savoir même jusqu'en Chine).
Avicenne, le précoce Avicenne, ou Abu ‘Ali al-Husayn Ibn Abd Allah Ibn Sina, est un savant Perse né en 980 à Afshéna, près de Boukhara, de la province de Khorasan en Perse (actuel Ouzbékistan). Avicenne est surtout connu pour ses travaux dans le domaine de la médecine, mais également en philosophie et théologie. Avicenne est né à une époque où l'Orient était emprunt d'une soif de connaissance sans pareil. Les écrits anciens, grecques pour la plupart, sont ainsi compilés et traduits en Arabe et en Persan avec la plus grande frénésie par les savants de l'époque. Très jeune, Avicenne démontre une réelle passion pour les sciences et notamment la médecine, qu'il décide d'étudier seul dès l'âge de 14 ans. Il étudia à Boukhara la plupart des sciences connues de l'époque, et se perfectionna en science, si bien qu'à 16 ans, il dirigeait déjà une équipe de médecins reconnus. Il a également guéri d'une grave maladie le prince samanide de Boukhara, Nouh ibn Mansour, ce qui lui valut l'accès à la bibliothèque du Palais. D'un point de vue théologique, il est particulièrement intéressé par sa religion, au point de retenir très tôt le Coran par cœur. Il a également une attirance pour la philosophie et étudie la métaphysique d'Aristote. L'étude de ce texte lui sera d'ailleurs facilitée par le travail du savant Al-Farabi. A 18 ans, Avicenne maîtrise déjà bon nombre de domaines scientifiques, sa soif de connaissance étant inépuisable. La mort du prince et de son père l'oblige à chercher ailleurs de quoi gagner sa vie. Il rentra ainsi au service d'Abu Muhammed Chirâzi qui le place sous sa protection et lui donne l'occasion d'exprimer son savoir dans des cours publiques. C'est à cette époque qu'Avicenne débutera l'écriture de son œuvre de médecine majeure, le Canon de médecine (Kitab Al Qanûn fi Al-Tibb). Avicenne voyagera beaucoup, passant successivement par les régions de Khorassan (Nord-Est de l'Iran actuel), Rayy et enfin Hamadan où il deviendra Vizir de l'émir Shamsoddawleh. Il se consacrera alors, en plus de son métier de la plus haute importance, à la rédaction de son canon et d'une autre œuvre, le «Shifa» (ouvrage traitant de métaphysique). A la mort de l'émir, son fils prend le pouvoir, et une succession d'intrigues de cour amène Avicenne en prison. Ce dernier s'évade toutefois, et parvient à s'enfuir jusqu'à Ispahan, pour trouver protection auprès de l'émir bouyide Alaoddawleh. C'est lors d'une expédition contre Hamadan, menée par l'émir Alaoddawleh, qu'une crise intestinale qu'Avicenne avait contracté auparavant se réveilla, elle lui fut mortelle. Malgré ses tentatives pour se soigner, Avicenne ne supporta pas son remède et mourut donc à l'âge de 57 ans au mois d'août 1037. Avicenne est responsable de la traduction en Arabe des œuvres d'Hippocrate et de Galien. Il contribua aussi à enseigner Aristote et sa philosophie à ses contemporains. L'œuvre d'Avicenne s'étend sur de nombreux domaines, scientifiques ou non, tels que la linguistique, la poésie, la psychologie, l'économie, la métaphysique, la philosophie, la théologie, la physique, la chimie et surtout la médecine. Ainsi, le Canon est une œuvre qui, pendant plusieurs siècles et ce jusqu'au XVIIe, va être étudiée en Occident, où elle détrône les études du savant Grec Galien, et même en Asie. Le Canon influença tellement la médecine que les travaux réalisés auparavant par les scientifiques comme Al Razi, Abu Al Qasim ou Ibn Al Afis, furent éclipsés par le génie et la densité de cette œuvre de toute une vie. Le Canon fut ainsi traduit en latin, par Gérard de Crémone, entre 1150 et 1187, et fut largement diffusé et imprimé en Italie au cours du XVe et XVIe siècle. Il fut d'ailleurs même traduit en Hébreu. La contestation du texte n'apparu que bien plus tard par Leonard de Vinci qui trouva l'anatomie inexacte ou encore Paracelse, qui le considéra comme inexact dans son ensemble. Du fait de l'importance de son œuvre un cours de la médecine d'Avicenne fut donné à Bruxelles jusqu'en 1909, témoignant du respect qu'éprouvait les Occidentaux à l'égard du travail de ce génie scientifique. On peut noter parmi les découvertes médicales d'Avicenne, la symptomatologie du diabète, la découverte du rôle des rats dans la propagation du virus de la peste, la découverte du mécanisme de la circulation sanguine du Cœur vers les Poumons en aller et retour, ou encore la description complète de l'anatomie de l'œil .
Al Farabi, le Second Maître Al Farabi, ou Muhammad ibn Muhammad ibn Tarkhan ibn Uzalagh al-Farabi, est né en 872 à Wasij près de Farab (actuel Turkistan). Il est connu en Occident sous le nom d'al-Phrarabius. Al Farabi est considéré comme le deuxième grand philosophe musulman de langue arabe, le troisième étant Al-Kindi et le premier, Avicenne. Fils d'un général, Al Farabi a commencé ses études à Farab et Bukhara, pour ensuite les compléter à Bagdad, en entreprenant de hautes études, en 942. Il a ainsi pu étudier divers domaines comme la connaissance de diverses langues, les sciences, la logique, la sociologie et surtout la philosophie, domaine dans lequel il excelle. Il avait également une connaissance historique considérable, s'étendant sur 6 califats Abbassides. Al Farabi a ensuite voyagé pendant un temps en Egypte puis revint se fixer définitivement à Damas en 942. Il s'installe ainsi à Halab (Allepo) et devient Juge (Qadi) de la ville. Il se lie également d'amitié avec le souverain local Hamdanide d'Alep Saif al-Daula. Les travaux d'Al Farabi les plus connus sont essentiellement dans le domaine de la philosophie. De son époque, il fait partie de cette nouvelle vague de philosophes musulmans qui tentent d'expliquer la foi par la raison, et qui mettent la vérité métaphysique au dessus de la révélation. Les vérités philosophiques sont donc pour Al Farabi au dessus de la croyance religieuse et sont universelles. Al Farabi aura également à cœur de transmettre la philosophie Platonicienne et Aristotélicienne au monde scientifique Arabe, et c'est en partie pour cette œuvre qu'il gagnera son titre de «Second Maître». Ses travaux influenceront Avicenne, Averroès et bien d'autres. La simplification de l'étude de la philosophie en la séparant en deux catégories, l'idée (Takhayyul) et la preuve (Thubut) est une autre contribution importante d'Al Farabi. Al Farabi fut un des premiers à émettre l'idée d'une religion universelle, dont les différentes religions ne seraient qu'une expression relative des coutumes et traditions du peuple la pratiquant. Ce que les penseurs contemporains comme F.Schion reprendront puis développeront sous l'étiquette de «religion primordiale» ou «sophia perrenis». Il a également écrit un peu plus d'une centaine d'ouvrages, dont beaucoup ont été perdus, mais de nombreux ont tout de même pu être conservés via leur traduction latine réalisée au Moyen-âge. Parmi ses œuvres les plus connues, on compte «Ara Ahl al-Madina al-Fadila», ouvrage qui a beaucoup apporté en sociologie et en sciences politiques, et «Kitab al-Ihsa al-Ulum», ouvrage scientifique qui propose une classification des principes fondamentaux des sciences, de façon intuitive et pratique. Le livre «Fusus al-Hikam» est longtemps resté une des œuvres de philosophie la plus étudiée en Orient plusieurs siècles après son écriture. Les contributions d'Al Farabi au domaine musical sont également grandes, avec entre autre son livre «kitab al musiqa». Il a ainsi contribué à faire connaitre des notes musicales à un plus grand public. On dit d'Al Farabi qu'il jouait si bien de la musique, qu'il pouvait faire rire ou pleurer son public à volonté. Al Farabi s'éteint à l'âge de 80 ans à Damas, en l'an 950, laissant derrière lui un mode de pensée et une œuvre novatrice pour la pensée islamique.
Al Razi, précurseur de la médecine moderne Al Razi, ou Abu Bakr Mohammad Ibn Zakariya al-Razi, est un savant Perse né en 865 à Ray (Iran). Il fut connu en Occident sous le nom latin de Rhazes. Il est considéré par l'ensemble des historiens orientalistes comme le plus grand médecin de la communauté musulmane et l'un des plus grands savants du Moyen-âge. On dit de lui qu'il était «doté d'un savoir tel qu'il était versé dans chacune des sciences et chacun des arts». Ceci montre à quel point Al Razi bénéficie d'une haute considération, en Orient comme en Occident. Al Razi a pendant sa jeunesse étudié de nombreux domaines comme les mathématiques, la chimie, l'astronomie, la philosophie, la logique et les lettres. Il commencera l'étude de la médecine à l'âge de 30 ans auprès du professeur Is'haq Ibn Hunaïn, grand maître de la médecine grecque, perse et indienne. Al Razi devint ainsi à 40 ans passé, un médecin émérite et reconnu, ses voyages en Syrie en Egypte et en Espagne lui ayant permis de se faire une connaissance livresque et clinique indispensable. De retour en Orient, il devint le médecin de la cour du prince samanide Abu Salih al-Mansur (souverain d'une région du Nord de la Perse). Al Razi dirigera ensuite successivement l'hôpital de Ray puis l'hôpital central de Bagdad. Il a apporté beaucoup au domaine médical. Ces contributions sont diverses : - L'instauration de l'observation clinique pour suivre l'évolution de l'état du malade, en fonction du traitement prescris. - La recherche des origines psychosomatiques dans la contraction de certaines maladies (comme les maux de ventre). - Le diagnostic de la variole et de la rougeole, sur lesquelles il passa de nombreuses heures à les décrire en détail (que ce soit les symptômes annonciateurs de ces maladies ou le remède à appliquer en conséquence). - L'importance d'expérimenter tout traitement potentiellement dangereux sur des animaux avant de l'appliquer sur un être humain. Les Occidentaux reconnaissent également en Al-Razi un innovateur dans le domaine de la gynécologie et de l'obstétrique mais également de la chirurgie des yeux. Il fut l'un des premiers à tenter de trouver les causes d'une paralysie faciale chez un patient et ainsi à distinguer les causes locales de celles liées à une dégénérescence au niveau du cerveau. Enfin, il est connu aussi pour son rattachement de la guérison d'un malade à une réaction d'ordre chimique. Al Razi est également un grand chimiste, et il est considéré par beaucoup comme le père de la chimie moderne en tant que science exacte ! Ceci est principalement dû à ses expériences de préparation des acides, dont l'acide sulfurique qu'il fut le premier à mentionner sous le nom de «l'huile de vitriol» ou «vitriol vert». Il réalisait également des extractions d'alcool par distillation de substances amylacées et glucidiques fermentées afin de s'en servir en pharmacie et pour la préparation d'antiseptiques et de médicaments. Enfin, Al Razi participa à la première classification des éléments chimiques en 3 groupes : Végétal, Minéral et Animal. Al Razi meurt en 932 dans sa ville natale. La fête de la pharmacie, qui a lieu chaque 27 août en Iran, lui est dédiée pour rendre hommage à toutes ses contributions dans le domaine de la médecine et de la chimie. De même, après sa mort et jusqu'au XVIIe siècle, ses ouvrages ont fait office de référence au sein des universités Européennes.
Al Khuwarizmi, père de l'algorithme Al Khuwarizmi, ou Abû `Abd Allah Muhammad ben Musa al-Khawarizmi, est un savant mathématicien Perse né en 783 à Khiva (Ouzbékistan). Al Khuwarizmi est ainsi surtout connu pour ses travaux dans le domaine de l'arithmétique, et sa contribution à cette discipline est encore reconnue de nos jours, que ce soient par les scientifiques occidentaux ou orientaux Il fut nommé chef de la bibliothèque durant le règne du calife, al-Maamoun al-Abbassi, qui lui confia la tâche de réunir le plus d'ouvrages scientifiques grecs possibles, et de s'occuper de leur traduction. Al Khuwarizmi en profita pour étudier les autres domaines scientifiques comme la géographie, l'astronomie, l'histoire, et également se perfectionner en mathématique. Toutes ses connaissances étaient disponibles aussi bien dans les ouvrages grecs que les ouvrages indiens et arabes se trouvant déjà à disposition. Il acquit de se fait un savoir considérable. Al Khuwarizmi est surtout connu pour son introduction de l'Algèbre en tant que discipline indépendante de l'arithmétique. Cette nouvelle discipline sera baptisée sous ce nom en Occident, en référence au nom original «Al jabr», qui lui confère sa racine. De plus, les mots formés à partir du mot «algorithme» proviennent en fait du nom «Al Khuwarizmi» qui a donné ensuite le mot latin que l'on connaît tous. Les chiffres Indiens ont également été introduits par Al Khuwarizmi dans les opérations mathématiques pour ensuite devenir les chiffres Arabes que nous utilisons de nos jours. Enfin, Al Khuwarizmi est également connu pour être l'instigateur de la lettre X en tant qu'inconnue dans les opérations mathématiques, en introduisant une méthode de résolution d'équation avec inconnue. Il a introduit la règle de la double erreur, et la méthode géométrique de résolution de carrés d'inconnus (soit les équations du second degré vues au lycée). En Occident, les premières tables des sinus et tangentes, réalisées par Al Khuwarizmi furent traduites en latin à partir du XVIIe siècle. Il a également contribué à améliorer la géographie de Ptolémée, sur le plan de la cartographie notamment. Les apports d'Al Khuwarizmi aux mathématiques modernes sont donc considérables ! Parmi les ouvrages les plus connus d'Al Khuwarizmi, on trouve : - «Sourat al-Ard» (configuration de la terre), dont un manuscrit original est disponible encore à Strasbourg. Traduit en Latin, les informations qu'il contient ont été recoupées avec celles fournies par Ptolémée en son temps pour vérifier du degré d'optimisation dans les calculs d'Al Khuwarizmi - «Wasfu Ifriqia bil jughrafia warrahalate» (Description de l'Afrique par la géographie et les voyages) - «Al-a'amalu bil Usturlab» (Comment utiliser l'Astrolabe) et «Aamalu al-Usturlab» (L'action de l'Astrolabe). Al Khuwarizmi s'éteint à l'âge de 67 ans à Bagdad en 850, laissant derrière lui une contribution immense au monde scientifique, l'étude de ses ouvrages s'étant poursuivie après sa mort dans les universités européennes jusqu'au XVIe siècle.
Al Kindi, l'encyclopédie universelle Al Kindi est né en 801 à Kufa (Irak). Il effectue ses études à Basra (son père est alors le gouverneur de la ville) puis à Bagdad, où il apprit la philosophie, les mathématiques, la physique, la médecine, l'astronomie et d'autres disciplines scientifiques. Un peu moins de 270 ouvrages traitant de ces divers domaines lui sont attribués. Certains d'ailleurs furent traduits en Latin au Moyen-âge et influencèrent bon nombre de savants chrétiens. De même, les thèses d'Al Kindi influencèrent fortement un savant juif Ishaq ibn Sulayman al-Isra'ili, connu en Occident sous le nom d'Isaac Israeli (855-955). Un traité d'optique d'Al-Kindi a été traduit en latin (sous le titre «De aspectibus») et également un autre traitant de médecine (sous le titre «De compositarum medicinarum gradibus»). Vers le XVII-XVIIIe siècle, bon nombre de ses traités scientifiques ont été traduits en Occident et Albert le Grand les citent dans ses travaux théologiques. Al Kindi est considéré comme «un des douze hommes de génie universels qui viennent au premier rang de l'intelligence». Ce philosophe est également un homme d'une grande ouverture d'esprit. Aussi, est-il devenu un maître dans la connaissance de la philosophie grecque. Sa démarche philosophique est ainsi empreinte de néoplatonisme et d'aristotélisme médiéval, ce qui montre bien la connaissance de l'homme en matière de philosophie grecque. Al Kindi fut également parmi les premiers à étudier la position des astres solaires et lunaires par rapport à la Terre, et les phénomènes en résultant. De même, il formula de nombreuses hypothèses sur l'apparition de la vie sur Terre. Il est aussi considéré comme un des plus grands astronomes de tout le Moyen-âge. Par contre, il réfutait toutes les pratiques astrologiques, qu'il jugeait comme contraire à la science. Il contribua également à la science de l'alchimie (ancêtre de la chimie moderne), en effectuant de nombreuses recherches sur les méthodes d'extraction de l'or des autres métaux. D'un point de vue spirituel, il apporte sa définition à la métaphysique, via son ouvrage «Philisophie Première». Pour lui, la métaphysique est la recherche de la cause de l'existence de chaque chose, de chaque phénomène, leur connaissance physique étant simplement la connaissance profane ou matérielle. Cette définition se rapproche de celle formulée par Aristote. Ainsi, comme ce dernier, il sépare la connaissance matérielle, qui amène à une connaissance basse et inférieure, à la connaissance spirituelle pure, plus élevée à laquelle tout le monde devrait tendre. Al Kindi formula même une hypothèse reposant sur la finitude du temps, lui permettant de prouver l'existence de Dieu. Selon lui, il est improbable que l'on puisse arriver à l'instant présent en faisant s'écouler une durée infinie. Il y a donc nécessairement un début. S'il y a un début, il y a donc une cause première, qui sera unique, à la différence de toutes les autres qui ne seront que des enchaînements réalisés à la suite de cette dernière. C'est donc pour lui Dieu, qui est le Principe Premier de toute chose, l'Unique, le Vrai. Il est non causé et Infini. Selon Al-Kindi, bien que philosophie et religion puissent coexister, la révélation Divine est au-dessus de la philosophie et les intuitions prophétiques sont au-dessus de la raison. Même après sa mort en 873 à Baghdad, l'influence d'Al Kindi sur les penseurs musulmans perdura pendant des siècles. En 1964 N. Rescher, un professeur américain, réalisa une bibliographie complète des œuvres d'Al-Kindi, accessibles de nos jours. En plus des grands savants cités dans les différentes parties précédentes, l'Islam a accueilli de nombreux autres scientifiques qui ont également contribué à l'avancement des sciences (physique, mathématique, médecine). Il est donc important de mentionner quelques uns parmi ces derniers, même de façon concise, pour que l'on n'oublie pas leur travail et leur contribution à la science moderne.
Hounaïn Ibn Is'haq Hounaïn Ibn Is'haq (né à El-Hira en 809 - mort en 873) Hounaïn Ibn Is'haq fait partie de ces rares savants qui disposèrent littéralement d'un «don» pour les études scientifiques. En effet, dès l'âge de 17 ans, Husayn maîtrisait la langue grecque, le perse, l'arabe et se passionnait pour les grands médecins de l'Antiquité, dont il arrivait aisément à traduire les œuvres complexes. Hounaïn Ibn Is'haq est ainsi reconnu comme celui qui aura longtemps collaboré à la sauvegarde des écrits scientifiques hérités de l'Antiquité par ses traductions, particulièrement complètes et aisées à lire (il n'hésite pas à découper les œuvres traduites en chapitres et ajouter des alinéas). Hounaïn est également connu pour ses nombreuses conférences dans le domaine médicale, où de nombreux savants, comme Yahia ben Masaoueih, professeur qui jouissait alors d'une grande renommé, assistent. Hounaïn Ibn Is'haq écrira également de nombreux traités sur des sujets comme l'ophtalmologie, la pharmacopée, la thérapie dentaire et la diététique entre autre. Son traité le plus connu reste «Kitab el-maça'íl-tib» (livre des questions relatives à la médecine) sorte d'introduction à la médecine, permettant de comprendre les sources principales de cette discipline et qui sera utilisé pendant longtemps par les étudiants de médecine en Orient.
Abu Al-Qasim Abu Al-Qasim (ou Abu al-Qasim Khalaf ibn Abbas al-Zahrawi - né à Zahra v. 940 - mort à Cordoue en 1013). Considéré par ses pairs comme l'un des plus grands chirurgiens Arabes, et qui a par ses travaux contribué à d'énormes progrès sur le plan de la médecine opératoire, créant ainsi les prémices de notre chirurgie moderne. Son ouvrage majeur le plus connu est «l'Al-Tasrif», véritable encyclopédie en 30 volumes décrivant entre autre la manière de pratiquer la cautérisation sur une blessure, ou comment réduire une fracture. Il décrit également avec minutie les quelque 200 instruments qu'il utilise pour la pratique de ses opérations. L'Al-Tasrif restera longtemps un ouvrage majeur dans le domaine de la médecine, en Orient comme en Occident, où il fut traduit par Gérard de Crémone à Venise en 1497, puis par Angibourg en 1519. Abu Al-Qasim est également le premier à avoir découvert et guéri le syndrome de tuberculose des vertèbres (Mal de Pott) 7 siècles avant sa «soi-disante» découverte par Percivall Pott (1713-1788), qui est pourtant toujours considéré de nos jours comme son découvreur !