Le vernissage de l'exposition « Art-monie à deux tons » a eu lieu, samedi dernier au soir, à la galerie « Ezzou'Art » du centre commercial de Bab Ezzouar. Un public connaisseur est venu découvrir le talent de Farah Laddi et Omar Khiter. Une trentaine d'œuvres sont présentées jusqu'au 22 juin prochain, symbolisant la passion de l'un pour la calligraphie et l'amour de la seconde pour le patrimoine. Entre musique et lecture de bouqalate, une ambiance particulière a régné dans le charmant espace. L'artiste plasticien et calligraphe Omar Khiter nous dira : « Je connais Farah qui est une amie. C'est notre première collaboration. On a voulu faire sciemment un jeu de mots avec la thématique de l'exposition. » Omar Khiter expose à côté de 21 tableaux dans le genre abstrait la calligraphie, un mouvement de la lettre arabe associée à la poésie et au tifinagh. Revisitant la lettre arabe, il lui a offert une forme d'expression associant l'art plastique et la calligraphie. Le public est captivé par une aquarelle très douce à la texture du parchemin. Des ocres et marrons donnent l'impression d'un texte ou manuscrit très ancien. Omar Khiter expose depuis 1991 dans le pays et l'étranger. Il a collaboré aux côtés de plusieurs artistes comme Noureddine Chougrane. Dans ses calligraphies, l'artiste s'inspire du travail de Kacimi. Ses œuvres seront accrochées le 27 juin à la galerie d'art « Dar El Kenz » de Bouchaoui. Farah Laddi ou l'amour du pays La richesse du patrimoine matériel et immatériel national est mise en relief à travers des peintures sous verre conçues avec passion et beaucoup d'habileté. Une des créations « Raredaya » est un dessin représentant joliment la mosquée de Ghardaïa. L'ensemble des mosquées du M'zab sont, par leur simplicité même, une leçon d'architecture. Les plus grands bâtisseurs comme Le Corbusier sont venus y puiser des sources d'inspiration ou de réflexion. L'artiste porte un intérêt particulier pour l'architecture des mosquées. Elle a réalisé un tableau « Medixivill », qui évoque la mosquée Hanafite de Médéa. Farah Laddi invite, à travers 15 tableaux, le regard à apprécier le travail réalisé dans le détail du geste des œuvres représentant des sites historiques et des monuments de différentes régions du pays comme la ville de Médéa qui recèle de nombreux monuments hérités de différentes époques. Farah Laddi nous fait découvrir d'autres joyaux comme « Hamramoun » à Timimoun, « Odélyce », région de Dellys, « Rouinabelle », Djemila, Sétif, « Fluidefort » et Fort de l'Eau. Le public présent au vernissage est resté scotché devant la méthode de travail de cette jeune artiste, qu'elle a baptisé « Technique sous et sur verre ». Pour elle, « il s'agit d'une peinture utilisée autrefois à La Casbah d'Alger et à Médéa. Cette technique est formidable. Tous les artistes dessinent sur un seul plan de travail. De mon côté, j'ai préféré opté pour un dessin à deux plans. En gros, je présente un double travail ». Interrogée sur le choix des couleurs chaudes, la plasticienne dira qu'elles reflètent « l'image de notre patrimoine. En plus, la variation des couleurs représente pour moi l'espoir. Je veux sensibiliser sur le patrimoine, montrer une belle image, une féerie, un rêve de notre pays. Je rends aussi un hommage à mes parents qui m'ont transmis le patrimoine oral ». Farah Laddi est diplômée de l'Ecole supérieure des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral. Elle a commencé la peinture en 2008 et participé à plusieurs expositions collectives. Trois expositions individuelles aux musées (maritime, Mustapha Pacha et de Médéa) ont jalonné son parcours. Elle a reçu en juin 2010 le Prix d'encouragement Ali-Maâchi du président de la République pour les jeunes créateurs. Elle prépare une exposition dédiée aux personnes handicapées.