Silwan est l'ultime ilôt qui a résisté à la judaïsation d'El Qods. Situé en contrebas de la ville sainte, le vieux quartier palestinien risque de devenir une nouvelle enclave coloniale qui, de quelques centaines de personnes, en 1967, compte aujourd'hui une population juive de 195.000 âmes sur une population totale d'El Qods estimée à 450.000 âmes. La décision de construction d'un bâtiment pour les familles juives à Silwan, prise le 15 juin, s'inscrit, comme le signale l'association israélienne Ir Amim qui milite pour la coexistence à Jérusalem, dans un processus d'« expansion de la colonisation sur le quartier palestinien par Ater et Cohanim », l'organisme qui facilite l'achat de maisons à Jérusalem par des juifs d'Israël et de l'étranger. Faut-il désespérer d'El Qods, le 3e lieu saint de l'islam, ravagé, le 21 août 1969, par le feu et annexé en 1982 ? La longue période de léthargie du fameux Comité El Qods, institué en 1965 sous la présidence marocaine, en dit beaucoup sur l'impuissance de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) d'empêcher « la volonté d'Israël d'occuper, de judaïser et d'altérer les monuments de civilisation musulmans et chrétiens de la ville d'El Qods, partie intégrante des Territoires palestiniens occupés et capitale de l'Etat palestinien ». La collecte des fonds des Etats et des particuliers arabes par le biais d'une agence financière, intitulée « Bayt Mal Al Qods Acharif », s'avère une chimère. La grande fitna arabe, couvée par le non moins fameux « Printemps arabe », a fait le reste. Le Ramadhan sous occupation du 3e lieu saint de l'islam traduit la condition inhumaine d'un peuple dépossédé de sa terre, menacé dans son identité et voué à la répression infernale du néo-apartheid. En ce premier vendredi de Ramadhan, la plupart des Palestiniens ne peuvent pas aller prier à la mosquée Al Aqsa, du fait du bouclage des Territoires occupés. Ahmad Qawasmeh, 24 ans, a été refoulé. « J'ai voulu passer pour aller prier à Al Aqsa mais c'est interdit », explique-t-il à RFI. « Quand vous avez plus de 45 ans, vous rentrez. Moi, je ne rentre pas et pourtant j'ai un permis de travail pour Israël. » Au point de passage, des soldats israéliens protégés par des blocs de béton contrôlent tout : les hommes de plus de 45 ans et les femmes peuvent passer, pas les autres.