La décision prise par les pouvoirs publics en juin 2006 (décret exécutif N°06-215), visant à mettre de l'ordre dans les opérations de vente promotionnelle de soldes et de liquidation, ne semble pas avoir changé grand-chose à l'anarchie qui règne dans ce domaine. Alors que les ventes en solde sont autorisées deux fois par an pour une durée continue de six semaines et doivent intervenir durant les saisons hivernale et estivale (du 19 janvier au 29 février) pour l'hiver et (du 21 juillet au 31 août) pour l'été, l'on constate que beaucoup de commerçants ne respectent pas cette réglementation. Pourtant, M. Lamari, directeur du commerce de la wilaya d'Alger, affirme que "la législation exige des commerçants une autorisation leur permettant d'appliquer des soldes sur la marchandise exposée à la vente, et cela après le dépôt d'une demande déterminant les produits soldés, les anciens et les nouveaux prix à appliquer". Le commerçant est tenu de déposer la liste et les quantités des biens devant faire l'objet des ventes en solde, l'Etat reprenant les réductions de prix à appliquer ainsi que les prix pratiqués auparavant. Autrement, des procès-verbaux d'infraction à la loi lui seront dressés. Profitant du manque de contrôle, beaucoup de commerçants font ce que bon leur semble. A longueur d'année, ils affichent des pancartes pour annoncer des remises souvent non vérifiables. En Europe, chaque commerçant dispose de deux semaines supplémentaires pour des soldes libres tout au long de l'année. Ces périodes de soldes libres doivent, toutefois, s'achever au moins un mois avant celles des soldes d'hiver ou d'été. Ces pratiques sont loin d'être applicables en Algérie. On se contente d'écrire «soldes, 10%, 20%, 50% de réduction», «un article acheté, un deuxième offert» ou encore «prix choc» juste pour attirer la clientèle. Puisque, une fois à l'intérieur des magasins, l'on se rend compte qu'il s'agit d'une annonce généralement trompeuse. Rares sont les commerçants qui affichent les anciens et les nouveaux prix, c'est-à-dire les prix revus à la baisse. Comment peut-on donc savoir s'il s'agit réellement d'un solde ? Pour Salah Souilah, secrétaire général de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), «tant que les commerçants ne respectent pas le temps des soldes, on ne pourra pas savoir s'ils appliquent réellement des remises». «La pratique des soldes en Algérie n'est même pas encore au stade de l'initiation», précise un commerçant d'habillement à la rue Larbi Ben M'hidi. Selon lui, «il faut que les remises pour les soldes commencent à partir de 50% du prix du produit et pas au dessous de ce pourcentage, sinon cela s'appelle remise et non solde», explique-t-il. Certains commerçants profitant de la crédulité et de la méconnaissance des consommateurs de la pratique des soldes ne prennent même pas la peine d'inscrire les nouveaux tarifs à côté des anciens pour montrer la différence entre le prix initial et le prix nouveau. Selon la Direction du commerce de la wilaya d'Alger, le nombre de commerçants autorisés à chaque période de soldes oscille entre 50 et 60 sur les 1600 spécialisés pour la majorité dans la vente des effets vestimentaires. Djamila C.