Environ 3.000 militaires ont été arrêtés en lien avec ce coup d'Etat avorté, avait plutôt révélé le Premier ministre, Binali Yildirim, assurant que « ces lâches se verront infliger la peine qu'ils méritent ». Le gouvernement turc avait, par ailleurs, demandé, samedi dernier, l'extradition des généraux qui ont fui pour la Grèce. La purge ne se limite pas à l'armée. L'agence Anadolu a rapporté que des mandats d'arrêt ont été délivrés à l'encontre de 2.745 juges et procureurs dans toute la Turquie. Sur le plan politique, le président Erdogan, qui a parlé, samedi écoulé au soir, d'un retour de la peine de mort, a réclamé à Washington l'extradition du prédicateur en exil, Fethullah Gülen, qu'il accuse d'avoir fomenté le coup de force tandis que les putschistes semblaient revendiquer les valeurs kémalistes. Dans leur communiqué annonçant avoir pris le pouvoir, ils ont avaient affirmé, vendredi dernier au soir, que cette action a été menée « afin d'assurer et de restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l'homme et les libertés, et laisser la loi suprême du pays prévaloir ». Fethullah Gülen, cité par le New York Times, a, de son côté, nié toute implication dans les événements, allant jusqu'à suggérer que le chef de l'Etat turc pourrait avoir orchestré la tentative de putsch lui-même. La réponse de Washington a été une disposition à aider Ankara à enquêter sur le putsch déjoué et une invitation au gouvernement turc à fournir des preuves contre M. Gülen, avant d'envisager une éventuelle extradition. Le département d'Etat a, par ailleurs, déconseillé, samedi dernier, aux Américains de se rendre en Turquie. Dans le cadre de la coopération militaire, les accès à la base d'Incirlik (sud de la Turquie) ont été fermés, ont annoncé les Etats-Unis qui ont, en conséquence, suspendu leurs opérations aériennes contre le groupe terroriste Daech en Syrie. La communauté internationale appelle à agir dans le cadre de l'état de droit Hier, le président américain, Barack Obama, a rappelé à la Turquie « le besoin vital » que toutes les parties concernées « agissent dans le cadre de l'Etat de droit ». En effet, il ne s'agit pas du premier appel lancé à Ankara lui demandant d'agir dans ce cadre. Le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Mogens Lykketoft, qui a condamné « fermement la tentative de groupes issus des forces armées de renverser le gouvernement de la Turquie », a souligné que « la communauté internationale doit soutenir pleinement le gouvernement démocratiquement élu et l'Etat de droit en Turquie ». La chancelière allemande, Angela Merkel, a également condamné « de la façon la plus forte » la tentative avortée de putsch et appelé le président turc à traiter les putschistes en respectant les règles de « l'Etat de droit ». Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a appelé à « respecter l'ordre constitutionnel et l'Etat de droit ». Pour parer à tout « châtiment collectif », le ministre canadien des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a appelé son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, à régler « l'après-coup d'Etat » selon les « principes fondamentaux de la démocratie ». Ces voix s'élèvent pour s'assurer que la réponse du gouvernement turc reste proportionnée. Mais l'Egypte a été plus ferme contre le gouvernement turc. Elle a bloqué, samedi dernier, une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU qui devait dénoncer la tentative de coup d'Etat contre un « gouvernement démocratiquement élu » en Turquie, ont indiqué des diplomates. Les Etats-Unis, qui ont proposé ce texte après consultations avec Ankara, ont abandonné le projet. De telles déclarations du Conseil doivent être adoptées à l'unanimité.