Gérer une foule de plus d'un millier d'estivants sur une seule plage et garder l'œil vigilant sur les baigneurs notamment les enfants, n'est pas choise aisée pour les éléments de la protection civile, notamment quand le civisme fait défaut. Il est midi à la plage Riadh de Sidi Fredj en ce jeudi 4 juillet. Le lieu est noir de monde. L'espace semble saturé. Des surveillants de baignade en short et pull rouges, casquette frappée du sigle de la protection civile. Ils sillonnaient le long de la plage. L'un d'eux s'approche d'un enfant qui commence à peine à parler. « Où est mama ? ». Le bambin attiré par la casquette rouge, s'accroche à son cou. Le jeune le porte avant qu'une femme, allongée sous un parasol, lui fasse signe. « Il ne veut pas rester ici. Il bouge trop ». Et au jeune de lui répondre : « Madame, il ne faut jamais faire confiance à la mer ». Un estivant rencontré sur place a tenu à dénoncer les comportements de certains estivants. « Je suis témoin d'une scène à Sidi Fredj. Des pompiers ont demandé à un père de famille de convaincre son fils adolescent de ne pas nager vu l'état de la mer et comme le signale le drapeau rouge. J'ai été choqué par la réponse du père : « Il est libre de faire ce qu'il veut, même dans la plage on est soumis à des interdictions ! ». Difficile mais... Les éléments de la protection civile déployés sur les plages sont confrontés à l'inconscience et l'incivisme d'estivants. « Notre souci majeur de veiller à la sécurité des baigneurs. Nous sommes mobilisés pour intervenir à n'importe quel moment », a précisé Lyes Bouali, chef du poste de la PC au niveau de la plage Riadh de Sidi Fredj. Lyes, pull jaune, casquette de la même couleur, short rouge, est le premier responsable de la PC dans cette plage. Lyes Bouali garde l'œil sur ses éléments et les baigneurs. C'est lui qui rappelle à l'ordre les contrevenants, oriente les surveillants et supervise toute intervention. Il n'est jamais dans son bureau ; il a tout le temps les pieds dans l'eau. « Nous avons constaté une grande affluence ces dernières semaines, ce qui nécessite plus de vigilance notamment la surveillance des enfants des colonies de vacances ». Lyes Bouali a signalé qu'aucun incident n'a été enregistré depuis le début de la saison estivale. « Nous avons enregistré des débuts de noyade pris en charge rapidement », a-t-il fait savoir. Le chef du poste a tenu à signaler que parmi les difficultés rencontrées sur le terrain, il y a le non-respect des recommandations de la PC notamment le fanion. Si des baigneurs se soumettent aux recommandations des maîtres-nageurs, d'autres par ignorance ou par insouciance affichent une certaine réticence. « Certains estivants ne prennent pas en considération les recommandations des maîtres-nageurs », et d'ajouter : « il faut savoir que le drapeau vert signifie que la baignade est autorisée et l'orange veut dire que la baignade est dangereuse. Le drapeau rouge signifie que la baignade est carrément interdite ». Tous les matins, le chef de poste réunit ses éléments et les surveillants de baignade pour un briefing. Des exercices sont menés quotidiennement pour la mise à jour des connaissances des surveillants de baignade. « Nous leur donnons des orientations selon l'état de la mer, et nous insistons sur la vigilance, la rapidité et l'efficacité de l'intervention ». A une question sur la baignade nocturne, Lyes Bouali a signalé la difficulté d'intervention des secourst. « Les éléments sont mobilisés de 8h à 19h , sous un soleil de plomb. Ils doivent se reposer ». Les surveillants de baignade sont dotés des équipements nécessaires (bouée, palmes et masque). En ce sens, le chargé de communication de la direction de la protection civile de la wilaya d'Alger, le capitaine Belkacem Saidj, a déclaré que la PC a mobilisé pas moins de 662 éléments saisonniers pour sécuriser les 67 plages, en plus de 67 chefs de poste et 42 plongeurs professionnels. L'effectif a été réparti sur les plages suivant l'importance des sites et l'affluence des estivants. A ces effectifs, s'ajoutent six inspecteurs de plage chargés de veiller à l'application des normes de sécurité. Sur le plan matériel, les services de la protection civile n'ont pas lésiné sur les moyens. Sept embarcations pneumatiques et trois semi-rigides ont été déployés sur la côte d'Alger. Equipe mobile de formateurs sur les plages La responsabilité du surveillant de baignade est énorme. Pour pouvoir exercer le métier de maître-nageur, il faut satisfaire à certains critères. Selon le capitaine Saidj, « il faut tout avoir une bonne condition physique et maîtriser la natation. L'âge varie entre 20 et 35 ans et réussir le concours organisé dans le cadre de la préparation de la saison estivale ». Le concours comporte un certain nombre d'épreuves physiques et de natation notamment la nage libre et l'apnée dans 3 à 5 mètres de profondeur ainsi que la récupération d'un mannequin d'exercice, en sus d'un test psychotechnique. Les candidats retenus suivent une formation sur le secourisme, l'évacuation et sur les différentes missions à accomplir sur la plage. « Le maître-nageur a deux missions, la surveillance et l'orientation des baigneurs et l'intervention. Nous ciblons en priorité les jeunes habitant les régions balnéaires », a précisé le chargé de communication. Les jeunes qui sont recrutés par la protection civile pendant l'été sont des étudiants dans la plupart des cas. Ceux-ci exercent ce métier parce qu'ils aiment le sauvetage maritime mais également pour se faire uj peu d'argent. Cette année, la DPC a décidé de procéder au suivi des surveillants de baignade sur le terrain. « Des cadres de la formation au niveau de la direction de la protection civile de la wilaya d'Alger se rendent sur les plages pour inspecter le niveau des surveillants de baignage en action. S'ils relèvent des insuffisances, les surveillants sont soumis à une formation continue pour renforcer leurs connaissances. Cette année, nous avons insisté sur la formation continue par une équipe mobile de formateurs qui sillonne les plages afin d'améliorer la qualité des interventions », a expliqué le colonel Tighrestine. En outre, les inspecteurs de plage sont sur le terrain afin de corriger toute faille ou insuffisance « Nous contrôlons quotidiennement le dispositif mis en place. Notre mission consiste à superviser et coordonner le dispositif et l'intervention en cas de difficulté en mer », a précisé l'adjudant Nacer Seybouss, en charge de 14 plages dans la circonscription administrative de Zéralda. Sensibilisation sur les dangers La prévention demeure l'une des missions principales de la PC. Pour ce faire, une campagne de sensibilisation a été lancée depuis le mois de mai dernier. « Cette campagne s'inscrit dans le travail de proximité initié par la direction générale. Elle consiste à sensibilier sur les dangers de la mer et les feux de forêt. Une caravane sillonne les plages les plus fréquentées et les centres de vacances et des colonies. L'objectif est d'instaurer la culture du risque chez le citoyen », a fait savoir le chargé de la sensibilisation, le commandant Abdelmalek Naim. Au niveau de la plage de Sidi Fredj, nous avons assisté à une séance de sensibilisation des enfants originaires de Naâma, animée par des officiers et desz agents de la PC. « C'est une bonne initiative car elle nous a permis de renforcer nos connaissances et corriger certains comportements. Le citoyen doit adhérer à cette action pour sa sécurité », a estimé Mohamed, moniteur originaire d'Oued Souf. 553 estivants sauvés Pas de répit pour les soldats du feu et de la mer durant la saison estivale. En effet, du 1er juin au 31 juillet, plus de 1.447 interventions ont été menées par les unités de la protection civile au niveau des plages, ce qui a permis de sauver 553 personnes d'une noyade certaine. Selon les chiffres communiqués par le capitaine Belkacem Saidj, 679 estivants ont été pris en charge sur place par les secouristes de la PC et 213 ont évacués vers les établissements sanitaires. On déplore, néanmoins, quatre décès par noyade au cours de cette période sur les plages autorisées à la baignade mais en dehors des heures de surveillance.