L'Américain Paul Morphy doit être considéré comme le meilleur joueur d'échecs des temps modernes tellement il sut, en quelques années seulement, briller dans son approche du jeu d'échecs par de fulgurantes combinaisons et de fines manœuvres stratégiques, défaire tous ses contemporains aux Etats-Unis ou en Europe ! Il doit son talent, en premier, au brassage sur le plan héréditaire à un père spécialiste en droit et à une mère excellente musicienne ! Il apprit à jouer aux échecs en regardant ses parents et ses proches et fut dès son jeune âge capable de jouer sans voir, c'est-à-dire à l'aveugle, comme le faisait d'ailleurs le grand champion arabe Al Suly du temps du célèbre calife Haroun Errachid, avec cependant des règles quelque peu différentes. De plus, Morphy avait une mémoire phénoménale, ayant appris par cœur le code civil de Louisiane ! En l'espace de trois ans, de 1857 à 1859, période durant laquelle il joua quelque 300 parties avec comme devise de jeu : « aidez vos pièces, elles vous aideront ! », il est le meilleur partout, champion des USA et bat les meilleurs joueurs européens lors d'une célèbre tournée sur le vieux continent avec un retour triomphal dans son pays, puis plus rien, telle une étoile filante il disparaît de la scène échiquéenne ! Mais heureusement que Paul Morphy a légué des parties extraordinaires, exemplaires, qu'on ne se lasse jamais de voir et de revoir et qui restent d'actualité et sujet à de nombreuses études sur la manière de réfléchir et de construire une combinaison avant de l'exécuter ! Son style est décrit on ne peut mieux par un de ces célèbres adversaires, l'Allemand Adolf Anderssen, qui avait affirmé que, face à Morphy, un joueur faisait mieux d'abandonner après un mauvais coup, avant d'ajouter : « Les parties que je gagne en 70 coups, Morphy y arrive en seulement 20, voici l'ordre des choses ! » Voici quelques perles de l'illustre champion. Partie n° 1 Blancs : Paul Morphy Noirs : Maurian New Orleans 1957 (sans le Cb1) 1.e4 e5 2.f4 exf4 3.Cf3 g5 4.Fc4 g4 5.d4 gxf3 6.Dxf3 d5 7.Fxd5 c6 8.Fxf7+ Rxf7 9.Dh5+ Rg7 10.Fxf4 Fe7 11.0–0 Dxd4+ 12.Rh1 Dxe4 13.Tae1 Dg6 Diagramme n° 1 Avec une facilité déconcertante, le roi noir est mis hors d'état de nuire par Paul Morphy 14.Txe7+ Rf8 (14...Cxe7 15.Fh6+ Dxh6 (15...Rg8 16.Tf8mat ) 16.Df7mat) 15.Fd6+ Cf6 16.Txf6+ Dxf6 17.De8 mat 1–0 Partie n° 2 Blancs : Morphy Noirs : N. N. New Orleans, 1858 (sans la tour en a1) 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fc4 Cf6 4.Cg5 d5 5.exd5 Cxd5 6.Cxf7 Rxf7 7.Df3+ Re6 8.Cc3 Cd4 9.Fxd5+ Rd6 10.Df7 Fe6 11.Fxe6 Cxe6 12.Ce4+ Rd5 13.c4+ Rxe4 14.Dxe6 Dd4 15.Dg4+ Rd3 16.De2+ Rc2 17.d3+ Rxc1 Diagramme n° 2 Le mat par le roque ! 18.0–0 mat 1–0 Partie n°3 Morphy - Brunswick Isouard Paris, 1858 (partie jouée à l'Opéra de Paris durant la représentation du Barbier de Séville) 1.e4 e5 2.Cf3 d6 3.d4 Fg4 4.dxe5 Fxf3 5.Dxf3 dxe5 6.Fc4 Cf6 7.Db3 De7 8.Cc3 c6 9.Fg5 b5 10.Cxb5 ! cxb5 11.Fxb5+ Cbd7 12.0–0–0 Td8 Diagramme n° 3 La loi des clouages !13.Txd7 !! Txd7 14.Td1 De6 15.Fxd7+ Cxd7 16.Db8+ Cxb8 17.Td8mat 1–0 Partie n° 4 Blancs : Morphy Noirs : Forde New Orleans, 1858 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fc4 Fc5 4.b4 Fxb4 5.c3 Fa5 6.0–0 Cge7 7.Cg5 d5 8.exd5 Cxd5 9.Cxf7 Rxf7 10.Df3+ Re6 11.Fa3 Fb6 12.Te1 Ca5 Diagramme n° 4 Une attaque menée tambour battant !13.Txe5+ !! Rxe5 14.d4+ Re6 15.g4 g6 16.De4+ Rf7 17.Fxd5+ Rg7 18.Fe7 Te8 19.De5+ Rh6 20.g5+ Rh5 21.Ff3+ Fg4 22.Dg3 Dd7 23.Dh3mat 1–0