Ne se mêlant pas de l'aspect technique en tant que directeur des équipes nationales, Brahim Bedjaoui a indiqué, hier, que les résultats enregistrés par nos pugilistes durant les jeux Olympiques 2016 l'ont déçu, mais ne l'ont pas surpris. « Je m'attendais à au moins une médaille de bronze de la part de Mohamed Flissi dans la catégorie de 52 kg. L'écart dans la préparation est flagrant. Le bilan est négatif sur toute la ligne, même si je salue la 5e place du jeune Benbaâziz qui était à sa première participation durant ces joutes. » Le retour à la case de départ pour le noble art est une obligation pour redonner à la discipline pourvoyeuse de médailles et de champions un nouveau souffle et une nouvelle dynamique. Cela passera, selon Bedjaoui, par un travail de longue haleine avec de jeunes pugilistes. « Les JO sont une compétition qui ne se prépare pas durant un cycle olympique. Il faut penser à mettre en application un programme qui s'étale au moins sur trois cycles olympiques. Un staff technique national doit prendre en main un groupe de jeunes boxeurs et l'habituer à un volume de compétition élevé. Les autres nations ont retenu la leçon. D'ailleurs, nous avons vu durant les olympiades des boxeurs de 19 à 21 ans battre des chevronnés qui les dépassent de dix années d'expérience », explique-t-il. L'absence d'un programme bien défini a été une erreur commise depuis 2004. « Depuis la médaille de bronze de Mohamed Allalou durant les JO 2000 de Sydney, la boxe algérienne vient de boucler ses 4es olympiades sans médaille. Il fallait dès les JO d'Athènes amorcer un processus de développement et de préparation, sur des bases solides, des boxeurs de l'édition de 2016. Malheureusement, nous nous sommes contentés d'une préparation désorganisée et mal partagée », estime-t-il. Concernant ceux qui parlaient de qualification historique de huit boxeurs algériens pour les JO-2016, le seul entraîneur algérien qui a offert à l'Algérie des médailles olympiques a estimé que si les qualifications avaient été arrachées durant le championnat du monde de Doha, la boxe algérienne aurait décroché au moins deux médailles à Rio. « Le niveau africain est nettement en recul par rapport aux années précédentes. J'ajoute que le classement d'un boxeur est un avantage. Ce ranking n'est pas fiable, puisqu'il ne reflète pas le vrai niveau des compétiteurs », souligne-t-il. A propos de sa mission à la tête de la DEN, Bedjaoui, qui a fait ses débuts comme boxeur aux côtés de plusieurs champions comme Mourad Ferguene, le défunt Mohamed Missouri, a voulu apporter des précisions. « Le poste de DEN est un poste administratif. Outre ma mission d'entraîneur de l'équipe nationale militaire, j'ai déposé mon dossier au niveau de la Fédération algérienne pour occuper un poste purement technique. Mon vécu et mon cv parlent d'eux-mêmes. J'ai été informé que je suis le nouveau DEN alors que mon profil est celui d'un homme de terrain. Par ma modeste expérience, j'aurai pu apporter un plus », indique-t-il. Son expérience avec les anciens champions, comme le regretté Hocine Soltani, avec qui il a remporté une médaille de bronze en 1992 à Barcelone et une autre en vermeil en 1996 à Atlanta, Mohamed Bahari, médaillé de bronze à Atlanta en 1996, ainsi que Mohamed Allalou, médaillé de bronze à Sydney 2000, a été le fruit du suivi et du travail depuis la catégorie cadette. « J'ai passé une moyenne de 10 ans avec mes anciens athlètes. Outre les entraînements en équipe nationale, je les accompagnais au niveau de leurs clubs. Les résultats réalisés ne sont pas dus au hasard », dira Bedjaoui. « Le changement s'impose » Pour préparer l'avenir et les JO 2020, Bedjaoui a souhaité qu'il y ait du changement et que les responsables assument cet échec. « Les athlètes et leurs entraîneurs ont fait ce qu'ils ont pu. Le problème est d'ordre stratégique. J'ajoute qu'il faut changer les mentalités. Celui qui se sent inutile doit avoir le courage de partir et céder sa place à d'autres. » Interrogé s'il était prêt à faire son grand retour en tant que sélectionneur national civil ou directeur technique national, il dira que « cela dépendra de la volonté de la fédération à rectifier le tir et réhabiliter les techniciens marginalisés ». Dans ce cadre, Bedjaoui a cité le cas de Rabah Hammadache qui « n'a été récupéré que récemment, alors qu'il a exercé comme directeur de l'organisation sportive. Une grave erreur commise envers un entraîneur expérimenté qui a contribué aux médailles olympiques obtenues », dira-t-il.